« Quand les dés sont pipés, il ne sert à rien de jouer », a déclaré Kader Arif, élu toulousain qui suit depuis son origine la guerre commerciale que se livrent Airbus et Boeing des deux côtés de l’Atlantique.

Après avoir longuement étudié l’appel d’offres auquel il devait répondre conjointement avec EADS, pour la construction de ravitailleurs pour l’armée américaine et un montant total de plus de 35 milliards de dollars, l’américain Northrop Grumann a décidé de ne pas s’engager sur ce marché jugé ingagnable. En effet, l’appel favorise des appareils de petite taille, du type de ceux produits par Boeing, et écarte totalement les ravitailleurs de grande capacité que propose Airbus.

Selon Kader Arif, « nous sommes en train d’atteindre des sommets d’incohérence : alors qu’il y a deux ans, l’A330 était sélectionné par le Pentagone comme l’appareil le plus sûr, le plus adapté aux besoins de l’armée et le moins coûteux pour le contribuable, il serait aujourd’hui inadapté ! Il est clair que le Pentagone a modifié ses critères d’évaluation pour favoriser Boeing, c’est inacceptable. »

Depuis plusieurs années, Boeing a adopté une attitude extrêmement agressive à l’égard d’Airbus, rompant d’abord unilatéralement l’accord UE – Etats-Unis qui permettait à chacun de soutenir son industrie aéronautique dans des conditions de concurrence équitables, puis attaquant Airbus à l’OMC. « Si l’on continue cette guerre, nous serons perdants des deux côtés de l’Atlantique, pour le plus grand bonheur des nouveaux acteurs comme la Chine. Plus que jamais, un partenariat transatlantique renouvelé est nécessaire, c’est pourquoi je demande à la Commission européenne d’agir au plus vite pour faire entendre raison aux américains. »