Le Parlement européen se prononçait aujourd’hui sur l’avenir de la politique européenne de coopération au développement. Dans le contexte actuel de crises multiples et des négociations en cours sur les futures perspectives financières, la Commission tente de réformer la philosophie et les objectifs de sa politique envers les pays les du sud. Force est de constater que les bases même de la réflexion lancée par la Commission ne sont pas les bonnes.
A l’instar d’autres politiques communautaires, la Commission va dans le sens de l’austérité ambiante à travers l’UE. Face à certains États Membres qui peinent à justifier des dépenses extérieures, Andris Piebalgs (Commissaire au Développement) leur emboîte le pas en utilisant le concept bancal de meilleur rapport coûts résultats. Cette approche comporte un vrai danger : celui d’une aide publique au développement principalement dédiée aux pays dits « faciles », qui ont une bonne capacité d’absorption des fonds, laissant les pays les plus pauvres sur le bord de la route.
« Si nous socialistes, sommes bien entendu en faveur d’une aide publique au développement plus efficace, cette recherche du résultat ne doit en aucun cas se faire au détriment des pays les plus pauvres qui ont encore le plus de chemin à parcourir pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’Europe ne peut se permettre d’opérer une politique de coopération à deux vitesses qui accroit les inégalités entre nos pays partenaires, le critère principal de l’allocation d’APD doit donc absolument rester celui des besoins réels de lutte contre la pauvreté », s’est alarmé Patrice Tirolien député de la délégation socialiste française au Parlement européen.
« Par ailleurs, quand je vois que certains pays comme l’Angleterre considèrent comme du gaspillage l’argent qu’ils dépensent pour lutter contre la pauvreté, et souhaiteraient dans le même temps pouvoir comptabiliser les crédits qu’ils allouent à la coopération militaires comme de l’aide au développement, je ne suis pas très optimiste sur l’avenir de cette politique à l’échelon européen », conclu l’eurodéputé socialiste de la Guadeloupe.