En dépit des velléités de la droite européenne, le rapport du socialiste irlandais De Rossa sur l’avenir du modèle social européen a été adopté à Strasbourg à une grande majorité. Le texte réussit à combiner les exigences économiques de l’Union européenne aux désirs légitimes de justice sociale et de solidarité des citoyens européens.
L’eurodéputée socialiste française Françoise Castex – qui a rédigé un certain nombre d’amendements au nom de son groupe politique -, a réussi à faire souligner dans le rapport la crainte que les réformes sur les retraites engagées dans de nombreux Etats membres augmentent le nombre de retraités pauvres.
Elle regrette toutefois le rejet de son amendement précisant qu’il ne peut être question de « remettre en cause le droit fondamental à la retraite, à partir de l’âge maximal légal, ni de pénaliser financièrement les travailleurs qui partent à la retraite à l’âge légalement autorisé. Les pensions devraient être suffisamment financées pour permettre aux travailleurs de partir à la retraite avec un revenu adéquat. »
« La droite européenne, en rejetant cet amendement, fait connaître ses intentions de remettre en cause l’âge légal de départ à la retraite. Il faudra nous y opposer », poursuit Françoise Castex, par ailleurs membre de la commission de l’emploi et des affaires sociales. « Face à ceux qui voudraient que l’Europe se réduise à un programme de libéralisation tous azimuts, ce rapport rappelle que l’Europe ne peut prétendre à un avenir en tant que compétiteur à bas coût; qu’il est nécessaire de miser sur l’excellence, sur la qualité de la formation, de la main-d’œuvre, sur la capital humain, sur la qualité des services publics. »
La stratégie de Lisbonne a déjà tenté de répondre au besoin de réformes globales et intégrées dans le domaine social et du marché afin de créer une Europe de l’excellence capable de relever ces défis. « Les conservateurs et les libéraux présentent le modèle social européen comme un frein à la croissance, laquelle ne serait assurée selon eux que par les “réformes structurelles” et la libéralisation« , renchérit Harlem Désir, vice-président du Groupe socialiste et membre de la même commission parlementaire.
Jean-Louis Cottigny, également membre de la commission de l’emploi et des affaires sociales, appelle d’ailleurs à ne pas opposer ces deux dimensions économique et sociale. “Leur combinaison est essentielle à la réussite de la stratégie qui doit se fonder sur les atouts du modèle européen, sa solidarité, et non sur son démantèlement.” Strasbourg, le 7 septembre 2006