Guillaume Balas, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, il y a – vous le voyez bien – une unanimité aujourd’hui qui va se faire contre votre proposition. En tout cas, nous nous dirigeons dans ce sens. Alors évidemment, cela indique deux choses: d’une part, qu’il faut que la Commission retravaille ce sujet, qu’elle ne peut pas s’arrêter là. D’autre part, s’il y a unanimité, c’est aussi que les raisons peuvent être différentes selon les différents groupes pour rejeter cette proposition. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, renationaliser des politiques commerciales au sein de l’Union dans un contexte plus général où l’on voit bien qu’il y a une menace, une fragilité sur la question de la libre circulation, que ce soit celle des êtres humains ou celle des marchandises, ne correspond pas à l’idée que nous nous faisons, nous en tout cas sociaux-démocrates, de ce que doit être l’Union européenne.
Et j’avoue que j’ai été quelque peu stupéfait tout à l’heure quand, en appui de votre argumentation, vous avez évoqué la question démocratique. Car si nous en sommes aujourd’hui, au niveau européen, à considérer qu’on ne peut pas établir des règles démocratiques pour faire des choix, notamment sur des éléments aussi importants que les OGM et leur commercialisation, et faire en sorte que ces choix puissent être compris par les peuples, et que pour cette raison, nous devrions renationaliser nos politiques, Monsieur le Commissaire, nous nous engouffrons là dans une voie qui est promue par beaucoup ici, en tout cas en face de moi, mais pas de ce côté-ci de l’hémicycle, et qui n’est pas la tradition pro-européenne dans laquelle nous, nous nous inscrivons. C’est bien au niveau, justement, de l’Union européenne et de la Commission qu’il faut savoir aujourd’hui construire les choix démocratiques pour qu’ils puissent être affirmés.
En ce sens, la proposition que vous faites aujourd’hui ne peut pas être acceptée, mais on ne peut pas non plus en rester là, et c’est pour cette raison, Monsieur le Commissaire, que nous, les sociaux-démocrates – et sans doute d’autres ici –, vous demanderons instamment qu’une nouvelle proposition soit préparée à partir, évidemment, de ce qui a déjà été fait, à partir des travaux du Parlement; mais on ne peut pas rester en l’état.
Je termine en disant que la question du modèle agricole est quand même posée. Il ne s’agit pas de rêver à une autosuffisance complète, par exemple en ce qui concerne les aliments pour animaux. Néanmoins, on le voit bien, on ne peut pas être aujourd’hui dans un système agricole qui pousse à la production, et donc à l’importation massive d’OGM, sans même que les populations ne soient au courant. C’est le cas, par exemple, dans le pays que je connais le mieux, la France. Je crois que bien des citoyens seraient surpris de savoir que les animaux qu’ils mangent mangent eux-mêmes des OGM; je ne suis pas sûr qu’ils soient au courant.
Ainsi donc, et pour conclure, Monsieur le Commissaire, nous vous demandons non pas de vous arrêter, aujourd’hui, en cours, mais au contraire de continuer le travail. Et prenez donc notre position plutôt comme, j’allais dire, un encouragement à approfondir le travail avec nous, pour qu’une nouvelle proposition puisse être faite rapidement sur ce sujet de la commercialisation des OGM.