Monsieur le Président, chers collègues,
Permettez-moi de regretter qu’il faille une crise en Europe pour susciter le débat que nous avons aujourd’hui, et la résolution que nous voterons demain. Pas plus tard que l’année dernière, lorsque les pays en développement se soulevaient dans ce qu’on a appelé les « émeutes de la faim », l’Europe n’a proposé que des réponses d’urgence : l’envoi de semis et d’engrais, mais pas de propositions de fond.
Comme si le problème n’était que conjoncturel, alors que nous alertons depuis longtemps sur les problèmes structurels :
– une PAC qui manque d’instruments efficaces de régulation, parce que la majorité libérale considère toujours que rien ne doit entraver le marché,
– une spéculation généralisée sur les produits agricoles, économiquement déstabilisatrice et surtout moralement inacceptable,
– des pays en développement prisonniers des monocultures d’exportation, avec une Europe qui n’est pas à leurs côtés et qui ne consacre que 4% de son aide au développement au secteur agricole.
Avec cette résolution, l’ensemble de ce Parlement reconnaît enfin que le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental, qu’il n’est pas acceptable que la faim des uns soit exploitée au profit des autres, que la régulation est indispensable pour assurer la stabilité des prix, ou encore que les accords commerciaux doivent préserver les petites exploitations agricoles et le droit à l’alimentation. Le Parlement délivre aujourd’hui un message clair, c’est à la Commission et au Conseil de le traduire rapidement en actes.