Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire,
le rapport que je présente au Parlement tente d’expliquer que, dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’agriculture a une place et un rôle à jouer.
La nature nous rappelle cette semaine – et les volcans en particulier – qu’elle peut avoir un impact majeur sur les activités des hommes et sur le climat. Mais cela nécessite malgré tout que les hommes, et l’Europe en particulier, prennent leurs responsabilités pour lutter contre ce que l’on appelle le réchauffement climatique.
Mon rapport essaie de montrer que l’agriculture peut à la fois continuer à diminuer ses rejets carbonés, à diminuer ses consommations énergétiques fossiles et surtout, d’un autre côté, à participer de manière très active à la fixation du carbone afin d’atteindre, au niveau mondial, une moindre proportion de rejets carbonés et une plus grande proportion de carbone fixé et séquestré.
Ce rapport essaie de montrer que, en agriculture, il faudrait qu’on passe d’une démarche compartimentée qui consiste, chaque fois que l’on a un problème, à ouvrir une directive sur les sols, sur l’eau, sur les pesticides, que sais-je encore, pour essayer d’aborder la question agricole avec l’ambition de la traiter de manière globale, de manière systémique.
Dans cette approche, on doit pouvoir trouver des pistes pour faire en sorte que l’agriculture, comme je le disais tout à l’heure, non seulement diminue ses consommations énergétiques, mais en même temps participe de manière très active à la fixation du carbone. C’est en particulier le rôle lié à la photosynthèse, à la biomasse, et surtout, ce qui me tient à cœur, lié aussi aux sols, à cette capacité que les sols européens ont à fixer du carbone organique.
Je pense que cette piste que j’ouvre dans ce rapport et qui, je l’espère, sera suivie lors du vote qui aura lieu en plénière à Bruxelles, doit permettre à l’agriculture européenne de rentrer dans une phase de durabilité, d’assurer une transition écologique à cette agriculture qui la mettrait en avance sur un certain nombre d’autres continents ou d’autres agricultures pour faire en sorte qu’elle soit capable d’être performante économiquement, performante écologiquement et, à partir de ce moment-là, performante socialement.
Ce rapport traite donc d’une question particulière, la lutte contre le réchauffement climatique et l’agriculture, mais il a la prétention – je l’espère en tout cas – d’ouvrir d’autres perspectives pour nourrir en particulier le débat qu’il y aura sur l’avenir de la politique agricole après 2013.
Je m’adresse à la Commission, je m’adresserai – je l’ai fait souvent – aux commissions agricoles et je m’adresserai aussi aux différents ministres lorsque j’en aurai l’occasion. Je pense qu’il faut qu’on prenne un virage. Il faut que cette PAC de 2013 soit ambitieuse. Il faut qu’elle s’appuie sur des objectifs qui permettent aux citoyens de comprendre pourquoi nous avons besoin d’une politique agricole commune.
Nous avons besoin d’une politique agricole commune parce que l’Europe de l’agriculture doit assurer à la fois la sécurité alimentaire, mais aussi s’engager sur la voie de la durabilité. C’est en tout cas ce que je propose dans ce rapport, et c’est ce sur quoi j’espère que le Parlement, dans une large majorité, me suivra.
Article et interview de Stéphane Le Foll par les journalistes de France 3 de l’émission « Avenue de l’Europe »