Après l’énième sommet dit de la dernière chance à Bruxelles, le Parlement européen débattait aujourd’hui de ses résultats. « Une telle dramatisation impliquait de prendre une fois pour toutes les mesures adéquates. Pourtant, derrière l’autosatisfecit du couple franco-allemand, l’Europe est loin d’être sauvée », juge Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française.
« Force est de constater que les mesures avancées ne sont pas nouvelles, et ne permettront pas de mettre fin à la descente aux enfers de l’Europe : l’Allemagne a obtenu de graver dans le marbre d’un traité le renforcement de la discipline budgétaire, en bafouant les droits du Parlement, promettant à la zone euro un avenir placé sous la férule de l’austérité », ajoute l’eurodéputée. « Les mêmes Etats qui imposent l’austérité aujourd’hui sont ceux qui n’ont pas respecté les critères de Maastricht : en France, c’est la politique économique inefficace de Monsieur Sarkozy, – faite de cadeaux fiscaux aux privilégiés – qui a dégradé et décrédibilisé la voix de la France ».
« C’est une imposture », insiste Catherine Trautmann. « Nicolas Sarkozy se complait à jouer le bon père de famille, alors qu’il a mis la France en faillite. Il appelle à l’Union nationale, quand il ne prend absolument pas le temps de consulter l’Assemblée Nationale et le Sénat, alors qu’Angela Merkel se dote d’un mandat en consultant le Bundestag avant d’engager l’Allemagne. Où est la construction de l’Union nationale en France ? Quelle est la légitimité de Nicolas Sarkozy pour engager ainsi la France ? ».
« Pour faire face à l’urgence, les mesures concrètes sont, toujours, insuffisantes. La force de réaction de l’Eurozone reposerait ainsi sur le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et le renflouement du FMI à hauteur de 200 milliards euros. Le MES, dont la mise en œuvre serait anticipée d’un an, en juillet 2012, aurait une capacité de prêts de 500 milliards d’euros. C’est trop peu, et trop tard : aucun accord n’a été trouvé pour augmenter ses ressources, ni pour le doter d’une licence bancaire comme nous le préconisons. Début 2012, l’Italie et l’Espagne devront recourir à de nombreux emprunts : nul ne sait s´ils trouveront preneurs et à quels taux d’intérêts. En refusant d’admettre publiquement que la BCE intervienne, comme nous le souhaitons, les dirigeants européens se privent de la seule arme efficace », ajoute l’eurodéputée.
« Ces propositions punitives ne visent qu’à cacher les échecs de Merkozy et menacent l’Europe. Les Européens ne sont pas dupes de cette diversion : il n’y a aucune fatalité à la crise de la dette, et l’Europe a largement la force de se sortir de cette crise. L’Union européenne est la première puissance économique mondiale. L’Europe a les moyens de sa relance : ne pas les saisir n’est ni vertueux, ni responsable, mais coupable. Collectivement, nous pouvons lutter contre la crise et la récession, en dégageant de nouvelles ressources financières, et en misant sur la recherche, l’éducation, l’investissement. Notre ambition pour l’Europe, c’est celle d’une fédération de projets industriels, scientifiques et d’infrastructures pour les énergies, le numérique, les transports durables, la santé. Notre pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance passe par un budget de l’Union européenne renforcé et des euro-obligations : la solidarité est la solution », conclut l’eurodéputée.