Isabelle Thomas (S&D). – Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les représentants du Conseil, Monsieur le Commissaire, chers collègues, merci au Conseil d’avoir rappelé que le cadre financier pluriannuel n’est pas seulement une affaire d’argent, mais d’abord la colonne vertébrale de l’avenir de l’Union.
La résolution sur laquelle nous allons nous prononcer est la réaffirmation des exigences du Parlement quant aux moyens nécessaires pour relever nos futurs défis et donc financer le futur programme de l’Union. Elle rappelle aussi notre intention de négocier, dès maintenant, le prochain cadre financier pluriannuel. Elle rappelle enfin le lien indéfectible du CFP avec les ressources propres car, effectivement, l’argent ne pousse pas sur les arbres.
Je commence par un avertissement: il n’y a pas de temps à perdre. Mais je regrette le jeu de dupes auquel s’est livrée la Commission dans la présentation de sa proposition: des chiffres présentés abusivement sous leur meilleur jour, des coupes dissimulées, des éléments de langage, certes aiguisés, mais qui n’ont trompé personne. Soyons sérieux et responsables, comparons ce qui est comparable et validons une méthode, une seule, avec inflation et sans le Royaume-Uni.
Face aux remontrances du Parlement, la Commission s’est décidée à publier des bases de calcul avec les véritables chiffres. Quels sont-ils? Moins 15 % pour la PAC, moins 10 % pour la cohésion – première politique d’investissement –, moins 27 % pour le Fonds européen agricole pour le développement rural, moins 6 % pour le Fonds social européen – affiché pourtant comme une priorité –, et jusqu’à moins 45 % pour le Fonds de cohésion. Votre proposition réelle est donc à 1,08 %, soit une part du budget européen dans le PIB de l’Union qui, comparée à la situation actuelle, est inférieure à 1,13 % dans l’Union à 27. Et bien sûr, les politiques de solidarité sacrifiées.
Je termine en résumant la résolution du Parlement: d’une part, qui ne voit pas les nouveaux défis auxquels doit faire face l’Union européenne? Transition écologique, investissements, migration, chômage, défense, sécurité. Monsieur le Commissaire, ne mentons pas aux Européens en leur disant que l’Europe va pouvoir apporter des solutions sans augmenter le budget européen. L’Europe se meurt de cette hypocrisie et ceci fait le lit des nationalismes. Le Parlement est clair: investissons dans l’ambition européenne. Quant aux ressources propres, nous reconnaissons que la proposition de la Commission va dans le bon sens malgré, finalement, une timidité maladive.
Nous interpellons une nouvelle fois le Conseil: il est temps de démarrer les négociations !