L’Europe fête aujourd’hui les 30 ans de l’accord de Schengen, signé le 14 juin 1985, deux jours après l’adhésion de l’Espagne et du Portugal et réunissant désormais 26 pays membres, dont 22 des 28 Etats de l’Union européenne[1].
Si le traité de Rome prévoyait la libre circulation des Européens, c’est seulement l’accord de Schengen qui a créé un espace sans frontières intérieures. Et encore, il a fallu attendre dix années supplémentaires pour qu’il soit mis en œuvre. Si, aujourd’hui, il est parfaitement naturel pour un Européen de se rendre d’un pays à l’autre sans sortir sa pièce d’identité de son portefeuille, il faut se souvenir, qu’avant Schengen, la plupart des frontières intérieures de l’Union européenne étaient l’objet de patrouilles et que les douaniers contrôlaient l’identité et interrogeaient les voyageurs sur leurs motivations.
Cet anniversaire a lieu dans un contexte bien particulier, puisque plusieurs Etats membres et responsables politiques, ces dernières années, accusent Schengen de tous les maux et ne cessent de remettre en cause le principe de libre circulation.
Face à des réflexes nationalistes et fantasmatiques qui se multiplient, nous plaidons, au contraire, pour restaurer la confiance mutuelle qui présidait au tout début de l’histoire Schengen. Sur ce sujet, comme sur d’autres, il faut cesser de faire croire aux Européens que ce sont les Etats voisins qui sont responsables de tous leurs problèmes.
Nous dénonçons avec véhémence l’opportunisme politique de la droite, symbolisé, en 2011, par M. Sarkozy et M. Berlusconi ou, plus près de nous, celui du Front national de Mme Le Pen : ceux qui proposent de suspendre Schengen veulent renvoyer l’Europe au Moyen-Âge des baronnies, ni plus ni moins ! Rétablir des frontières nationales, ériger des murs autour de chaque Etat membre : cela n’assurerait en rien la sécurité des citoyens européens ni le retour de la croissance économique. Bien au contraire ! On ne l’entend malheureusement pas assez, mais si Schengen, c’est plus de liberté, c’est également la garantie de plus de sécurité via une coopération policière et judiciaire accrue et des systèmes d’information et de renseignement mutuels. Schengen, c’est également l’assurance d’un dynamisme économique, touristique et culturel considérable. Mettons alors au défi ceux qui trompent par la démagogie d’imaginer un espace européen sans Schengen !
Parce que Schengen est incontestablement l’une des plus belles réussites de l’Union, les eurodéputé-e-s socialistes et radicaux souhaitent bon anniversaire et longue vie à la libre circulation !
[1] les pays de l’Union européenne, hormis la Bulgarie, Chypre, la Croatie, l’Irlande, la Roumanie et le Royaume-Uni, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.