La semaine prochaine, le Parlement européen devait approuver un texte visant à réduire le nombre de fumeurs dans l’Union européenne de 2% en cinq ans. A la demande des groupes libéraux et conservateurs, le vote a été reporté à la première session plénière d’octobre, rendant presque impossible une adoption par l’ensemble des institutions avant les élections européennes de mai 2014. Pourtant, ce texte était prévu pour l’été 2011…
De nombreuses explications sont avancées par la droite, de l’argument technique – le texte n’est disponible sur Internet que depuis cinq jours – à l’explication électoraliste – la colère prévisible des fumeurs et des buralistes à quelques jours des élections en Allemagne… Curieusement, aucun député n’invoque les pressions exercées par l’industrie du tabac.
Outre les cigarettiers, chaque produit du tabac a son propre lobby : celui du cigare, du tabac à rouler, de la cigarette électronique, du Snus (tabac à sucer suédois), etc. Emails, lettres, brochures, échantillons, chantage à l’emploi, soirées exclusives…: les moyens mis en œuvre – notamment par British American Tobacco et Imperial Tobacco – sont colossaux, et la lumière sur le Dalligate n’est toujours pas faite… Avec 1360 amendements déposés en commission parlementaire, un record a été battu.
Avec ce report, les socialistes français considèrent que le Parlement européen se décrédibilise. Le tabagisme fait, à l’heure actuelle, près de 6 millions de victimes par an dans le monde, dont 700 000 en Europe, ce qui équivaut à une ville de la taille de Francfort. Si cette directive venait à être enterrée, la droite porterait une lourde responsabilité.