Premier grand rendez-vous de cette législature : le débat qui s’ouvre sur le thème capital de la gouvernance économique européenne.

Au cours de la précédente législature, nous avons réalisé une avancée européenne en instaurant l’Union bancaire. Aujourd’hui, cette « Commission de la dernière chance », une fois la crise financière surmontée, a la responsabilité d’éviter une crise qui serait politique.

Pour cette raison, le chantier que nous ouvrons au Parlement européen revêt une importance majeure. La Commission présente le bilan du six-pack et du two-pack « de manière courte et factuelle », sans tenir compte de l’état de sous-inflation et de sérieuse crise sociale, ni de la sous-croissance que connaissent la zone euro et l’Union dans son ensemble. Nous attendons plus qu’une synthèse incomplète, sans dimension multilatérale, au prétexte que ces deux paquets n’auraient pas été testés en temps normal. C’est oublier un peu vite que ces règles ont été adoptées dans un contexte exceptionnel, pour faire face à une situation exceptionnelle.

Le débat qui s’engage sur la gouvernance économique doit être pluridimensionnel et audacieux. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont donné, en juin dernier, un mandat à la Commission pour définir, comme nous le souhaitions, les marges de flexibilité de la gouvernance économique. Nous attendons d’elle, non pas qu’elle définisse de nouvelles règles, mais qu’elle permette à la zone euro de passer d’une logique de la règle stricte à un véritable pilotage de la politique économique.

Les règles peuvent être utiles mais nous connaissons leurs limites, dès lors qu’elles ne peuvent qu’être difficilement appliquées, parce qu’elles sont pro-cycliques et qu’elles risquent de favoriser in fine un sentiment anti-européen.

Le Parlement jouera pleinement son rôle en matière de gouvernance économique renouvelée et veillera à faire exister cette flexibilité qui fait tant défaut aux Etats de la zone euro. Si nous n’avançons pas ensemble sur ce dossier, Conseil, Parlement Commission, Parlements nationaux, l’Europe se délitera. L’Europe de la dernière chance, c’est là qu’il faut la réaliser.

Intervention de Pervenche Berès : http://www.deputes-socialistes.eu/?p=10853