Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, les attentats que nous avons connus ces dernières années ont apporté l’horreur, mais ils ont aussi permis de réaffirmer la fermeté de nos condamnations. Avec cette nouvelle directive, nous montrons une nouvelle fois notre détermination à lutter contre le terrorisme. Ce texte définit les actes qui doivent être criminalisés, améliore la protection des victimes et renforce l’échange d’informations sur les enquêtes pénales. Ces trois axes sont fondamentaux et – je l’espère – partagés.
Au sein du Parlement européen, la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) prend une part active à la lutte contre le terrorisme. Dans son action, on notera le renforcement de la protection de nos frontières extérieures, l’harmonisation de la criminalisation entre les États membres, la lutte contre le financement du terrorisme et la criminalité organisée, ou encore la coopération entre les États et avec les agences européennes. Le Parlement européen fournit ce travail avec le souci de garantir l’équilibre entre la sécurité et la protection des libertés fondamentales.
Si je tiens, aujourd’hui, à souligner la réalité de ce travail, c’est parce que j’ai été surprise d’apprendre que nous aurions besoin d’une nouvelle commission spécifique à la lutte contre le terrorisme. Ses objectifs sont, certes, encore flous: il s’agirait de mettre en lumière des manquements des autorités nationales dont les pays ont été touchés par les attentats. Soit! Mais que cherchons-nous à faire? Que voulons-nous prouver? Pointer les responsables? Évaluer si c’est la faute de l’Europe, celle de Schengen ou celle du voisin? S’agit-il de faire le même travail d’enquête que les députés nationaux en France, en Belgique, voire en Allemagne? S’agit-il de prendre d’autres positions que celles dégagées par LIBE, qui est une commission parlementaire compétente et expérimentée, ou bien de laisser prospérer l’exploitation des attentats à des fins politiques en cette année électorale dans plusieurs États européens?
Vous l’aurez compris, cette hypothèse de commission spéciale ou de commission d’enquête m’apparaît comme une polémique dans un champ qui mérite surtout qu’on les évite.