A l’occasion de la dernière intervention de M. Barroso devant le Parlement européen, la délégation socialiste française avait préféré ne pas réagir : nous avons suffisamment dénoncé pendant dix ans les agissements du président sortant de la Commission européenne, qui, depuis le premier jour, n’avait jamais eu notre soutien. Mais, trop, c’est trop : alors qu’une autocritique aurait été bienvenue, M. Barroso a multiplié, lors de son dernier point presse, les mensonges et les provocations.
Palme d’or de la mauvaise foi : « Aujourd’hui, l’Union européenne est plus forte et mieux préparée à la prochaine crise, malgré les hésitations de certaines capitales. ». Pourtant après 10 années de M. Barroso, le constat est sans appel : le chômage de masse menace jusqu’à l’existence du projet européen, la crise n’en finit plus de faire des ravages.
Le chômage, dont M. Barroso ne fait jamais état dans son bilan, frappe près de 6 millions de jeunes dans l’Union européenne. En France, un quart des moins de 25 ans est touché ; en Grèce ou en Espagne, plus d’un jeune sur deux. Faut-il le rappeler ? Le chômage des jeunes a des conséquences considérables sur nos sociétés : perspectives de carrière limitées, salaires et retraites faibles, aggravation du cercle vicieux assistance-exclusion. Le fossé se creuse entre les jeunes Européens et nos sociétés à un moment où nous avons tant besoin de leur énergie, de leurs capacités d’innovation. Qui aurait imaginé il y a dix ans que 36% des enfants seraient en situation de pauvreté en Espagne, plus de 40% en Grèce[1] ? L’UNICEF parle d’une génération « mise de côté ». Voilà le bilan de la politique menée par M. Barroso, au service des capitales qui voulaient le moins d’Europe possible.
Durant ces 10 années, les avancées de l’Europe se sont toujours faites contre M. Barroso – l’Union bancaire, la taxe sur les transactions financières, la Garantie Jeunesse,… – qui a tout tenté pour les torpiller et miner, de l’intérieur, le projet européen et sa valeur ajoutée.
Après l’étonnant spectacle d’hier, nous nous réjouissons que sa carrière européenne s’arrête là.
Lourd héritage que nous laisse Mr Barroso : la responsabilité de réussir la réorientation de l’UE pour réconcilier les citoyens européens avec ce qui devrait être leur meilleure arme dans la mondialisation. Bye bye, Barroso !
[1] Rapport de l’Unicef 2014 « Les enfants de la récession »