La politique détournée de Paris et Bucarest sape le partenariat franco-roumain
La conduite et les déclarations du Ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, ne sont ni sérieuses, ni acceptables. D’autant plus qu’elles ne font que s’ajouter à une suite d’autres déclarations semblables, qu’elles concernent les Rroms ou encore récemment, les Comoriens de Marseille.
En l’occurrence, de telles déclarations n’ont rien en commun avec les valeurs européennes, avec le droit en vigueur en ce qui concerne les mineurs, ou avec l’héritage tout à fait particulier des relations franco-roumaines.
M. Guéant, préoccupé exclusivement par les échéances politiques internes et obsédé par la perspective d’élections qui s’annoncent compliquées pour son camp, ne trouve rien de mieux qu’instrumentaliser des faits individuels qui certes méritent sanction de droit commun, pour mettre en accusation la nation roumain toute entière.
Ces propos sont préjudiciables à l’évolution du partenariat stratégique franco-roumain, qui a toujours représenté une des priorités tant à Paris qu’à Bucarest, et il faut le souligner, même quand les deux Etats se trouvaient de part et d’autre du rideau de fer.
Souvenons-nous des visites de Charles de Gaulle et de François Mitterrand à Bucarest, qui ont forgé l’histoire commune de nos deux pays. Cette relation bilatérale, unique en Europe, basée sur l’amitié, la solidarité et la fraternité s’est faite au travers des liens noués entre les grands hommes politiques français et roumains, mais aussi par la rencontre de nos deux peuples: M. Guéant semble oublier à ce titre combien nos deux pays rayonnent ensemble de l’héritage de Brancusi, Cioran ou Eugen Lovinescu, et combien nos citoyens peuvent contribuer à notre évolution collective.
Nous déplorons que les leaders actuels de nos pays, en premier lieu Traian Basescu et Nicolas Sarkozy, sapent cette relation exceptionnelle, leur politique étant dominée par un manque de perspective et par des ambitions uniquement électorales.
Sans ignorer les difficultés ponctuelles, c’est bien en conservant cette perspective de long terme que nous devrons travailler ensemble, avec un attachement particulier à la fraternité franco-roumaine et avec responsabilité vis-à-vis de nos pays, afin de préserver et renforcer ce lien particulier.