La Commission européenne a adopté officiellement hier jeudi 28 octobre sa communication sur « une politique industrielle intégrée à l’ère de la mondialisation ».
« Certes, on peut se féliciter que les mots « politique industrielle » ne soient plus tabous en Europe », souligne Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française et membre de la commission industrie.
« Mais l’avancée est particulièrement timide », précise Henri Weber, également membre de la commission Industrie. Alors que la part de l’Industrie est passée de 21% du PIB en 1996 à 18% en 2007 en Europe, cette communication fait l’impasse sur les moyens budgétaires pour mener à bien une politique industrielle européenne. La Commission reste crispée sur ses prérogatives en matière de droit de la concurrence qu’elle applique sans discernement et n’aborde qu’à la marge la nécessaire protection contre toutes les formes de dumping que rencontrent les entreprises européennes. La pression à la baisse qu’exerce sur les salaires le chantage au transfert de la production dans les pays à bas coût de main d’œuvre appelle une réaction de notre part ».
« Nous disposons des atouts pour rebondir : la Stratégie UE 2020 devrait avoir une meilleure spécialisation, sectorielle et géographique, de l’économie européenne, en coordonnant des investissements massifs dans la matière grise et en appuyant la création et le développement des entreprises, en particulier des PME », insiste Henri Weber. Une politique générale en faveur de l’investissement doit devenir la priorité macroéconomique de l’UE, particulièrement en ces temps de crise où l’investissement est la dépense la plus rapidement sacrifiée.
« Malheureusement, si rien n’est fait pour augmenter le budget de l’Union européenne par des ressources propres, notamment par l’émission d’obligations européenne, -les Eurobonds- et la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, la stratégie UE 2020 restera lettre morte, comme la stratégie de Lisbonne qui l’a précédée », rappelle Catherine Trautmann.
Dans les débats sur le rapport d’initiative de Bernd Lange (social-démocrate allemand), lequel avance déjà des pistes intéressantes, Catherine Trautmann et Henri Weber défendront des propositions concrètes :
– La constitution de pôles de compétitivité européens regroupant les différents acteurs de l’innovation (entreprises, universités et centres de recherche), en réexaminant les raisons du retard à l’allumage de l’Institut européen d’innovation et de technologie.
– Le développement de grandes plates-formes technologiques dans des secteurs où l’investissement se récupère à long terme : l’énergie, l’espace, les technologies vertes, l’environnement, la santé…
– L’émergence de champions industriels européens;
– L’assouplissement des conditions du Pacte de stabilité et de croissance (PCS) pour mieux prendre en compte les investissements productifs tels que l’éducation et la recherche.
– La mise en place d’une politique économique concertée, tournée vers les investissements d’avenir (numérique, biotechnologie, éco efficience, nanotechnologies, aéronautique, chimie verte…);
– Le renforcement des PME, qui assurent la majorité des exportations industrielles européennes, en améliorant les transferts de technologie et l’accès aux financements par l’octroi de crédits de l’UE, et en appliquant les principes du Small Business Act.
– Un recours facilité aux appels d’offre publics pour lancer de nouveaux produits et services innovants et une meilleure synergie banques /entreprises.
– Une meilleure politique de formation et de mobilité des chercheurs
« Sur les points précédents, la bataille sera facile ; les points le plus complexes seront l’amélioration des règles européennes sur le droit de la concurrence, le financement de la politique industrielle et la nécessaire protection contre toutes les formes de dumping, monétaire, environnemental, social, financier, … L’Union européenne a moins recours que les Etats-Unis à l’arsenal de l’OMC contre la concurrence déloyale : clauses anti-dumping, clauses de sauvegarde, clauses antisubventions. Elle doit amplifier aussi sa bataille des normes pour un « juste échange » : les normes environnementales et sociales doivent être intégrées aux traités commerciaux, à côté et au même titre que les clauses économiques », conclut Henri Weber.