Edouard Martin (S&D). – Monsieur le Président, chers collègues, l’Europe de l’énergie est en crise. Nous sommes dans une situation lose-lose. Les prix de gros sont en général trop bas pour donner des perspectives d’investissement aux énergéticiens mais cette tendance ne profite pas au consommateur final, qu’il soit résidentiel ou industriel. Car, au détail, les tarifs se trouvent souvent alourdis de façon variable mais considérable, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et le bilan des entreprises. S’en remettre au seul marché pour tout résoudre n’aurait pas de sens.
Je ne crois pas que ce soit la main invisible du marché qui puisse multiplier les interconnexions, remplacer nos centrales fossiles par des énergies renouvelables, isoler nos bâtiments ou encore accélérer la recherche et le développement. Le marché seul ne nous garantira pas non plus une place de choix sur le volet industriel de la transition énergétique. J’en veux pour preuve notre faillite collective sur le dossier des panneaux photovoltaïques.
Puisqu’il ne sert à rien d’attendre du marché qu’il déclenche ce mouvement de transition, il faut le stimuler par des impulsions politiques européennes. Le volet de la gouvernance ne sera pas le plus simple à négocier car sans révision des traités comment concilier souveraineté nationale et intérêts paneuropéens? Les plans énergétiques nationaux seraient un pas en avant dans la coordination mais ne répétons pas les erreurs commises avec le Semestre européen et les programmes nationaux de réforme souvent jugés trop bureaucratiques et pas assez démocratiques.
Je souhaite donc sincèrement que cette horlogerie complexe se mette à l’heure des enjeux nouveaux qui nous font face afin de permettre à l’Europe de se détacher enfin de ses dépendances énergétiques externes et de continuer à jouer un rôle premier dans la lutte contre le changement climatique.