Emmanuel Maurel (S&D). – Monsieur le Président, ce n’est un secret pour personne et d’ailleurs, les discours qui viennent d’avoir lieu en témoignent, la politique commerciale de l’Union suscite bien des craintes et du scepticisme. Et il ne s’agit pas, contrairement à ce que j’ai entendu sur les bancs de la droite, d’un problème de communication. Il s’agit de la réalité vécue par les gens. Ils constatent que, dans le cadre de la mondialisation libérale, le libre-échange généralisé profite souvent aux mêmes. On dit : « Il y a des gagnants et il y a des perdants », mais la vérité, c’est que ce sont souvent les mêmes gagnants, c’est-à-dire les grandes entreprises, et que les perdants, on les connaît: l’industrie, l’agriculture paysanne et les services publics, qui font l’objet d’un démantèlement systématique.
Les deux rapports vont dans le bon sens, évidemment; ils esquissent ce qu’on pourrait appeler le « juste échange », le fair trade, mais il faut être précis sur un certain nombre de choses.
Premièrement, la multiplication des négociations bilatérales n’est pas forcément un gage de succès et de progrès. Il faut parfois se hâter lentement.
Deuxièmement, et c’est tout aussi important, il faut avoir le courage de se protéger. Oui, il faut protéger l’industrie européenne. Oui, il faut protéger l’agriculture sensible.
Enfin, il faut asseoir notre politique sur des valeurs – cela a été très bien dit par mes collègues, mais il y a encore beaucoup de progrès à accomplir.