Eric Andrieu, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, vous nous dites que les revenus des agriculteurs, des éleveurs de porcs se sont stabilisés. Nous ne devons pas vivre dans la même Europe! Dans un pays comme la France, aujourd’hui, un agriculteur se suicide tous les deux jours, et ce depuis dix ans maintenant.
L’agriculture vit une crise profonde et cette crise n’est pas spécifique à la France. Partout en Europe, la situation se dégrade. Ce qui est vrai pour le porc l’est également pour le lait et les fruits et légumes. À ce titre, je regrette que nous n’ayons pas pu avoir un débat en plénière sur la crise agricole globale – un débat en début de semaine –, ce qui aurait permis à nos collègues députés d’être plus nombreux, et, surtout, un débat en présence du commissaire à l’agriculture et au développement rural.
Monsieur Hogan, votre absence aujourd’hui est signe de mépris à notre encontre, mais surtout à l’encontre des milliers d’agriculteurs qui souffrent et sont en désespérance. 30 % des éleveurs de porcs sont en situation de crise et 10 % ont déjà fait faillite depuis le début de cette crise. Votre Commission, Monsieur le Commissaire Hogan, s’est trompée dans ses anticipations depuis plus de deux ans. Nous sommes confrontés à une crise de marché et, comme vous le savez, seule la Commission européenne a le pouvoir de réguler.
Je vous demande, Monsieur le Commissaire, une fois encore, de nous écouter avant le Conseil du 14 mars 2016. Utilisez les articles 221 et 222 de l’OCM unique, qui vous permettent de prendre des mesures exceptionnelles de réduction de la production, comme l’abattage des truies, la diminution du poids des carcasses. 3 kilos de moins par carcasse régleraient aujourd’hui le problème de la surproduction. Rouvrez les mesures de stockage privé avec une meilleure adaptation de la liste des produits stockables pouvant être vendus à l’exportation. Mettez en place l’étiquetage sur l’origine des viandes transformées, comme le réclament les consommateurs et comme nous vous le demandons depuis maintenant plus de deux ans.
Enfin, Monsieur le Commissaire, déployez, comme cela a été dit par M. Siekierski, une action diplomatique cohérente et pertinente pour arriver à lever l’embargo sanitaire russe. Mettez-y tous les moyens nécessaires. Nous mesurons la difficulté de l’exercice, mais aujourd’hui, la solution n’est pas d’aller chercher des nouveaux marchés sur les autres continents du monde, mais de régler le problème de l’embargo avec la Russie.