Les dernières images de migrants vendus comme des esclaves en Libye ont été un choc pour nous tous. Leur situation est intolérable. Nous constatons des violations sévères des droits de l’Homme et des cas multiples de traite des êtres humains en Libye.
Nous dénonçons cette situation depuis longtemps au sein du Parlement européen. C’est pourquoi nous nous sommes toujours opposés à un accord avec la Libye, État failli n’étant même pas signataire de la Convention de Genève, et incapable de traiter avec dignité les migrants présents sur place. Selon le HCR 390 000 migrants sont bloqués en Libye dont 9 000 privés de liberté.
Les enquêteurs des Nations unis présents sur place ont décrit des hommes, des femmes et des enfants traumatisés, amaigris, enfermés dans des hangars sans accès aux soins de première nécessité. C’est pourquoi le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé l’attitude de l’UE et des États membres.
Ainsi, force est de constater que la Commission finance la formation des garde-côtes libyens dont le but est d’empêcher les migrants d’arriver en Europe, en dépit de l’avis des organisations des droits de l’Homme qui constatent que les programmes de coopération de l’Union ont des conséquences sur place qui aggravent la situation des personnes ayant besoin d’une protection internationale. Nous nous souvenons également qu’en août dernier, les autorités italiennes ont conclu un accord avec la Libye « contre l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains ». Or, les dispositions de cet accord n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés, et placent en Libye des milliers de personnes vulnérables dans des conditions déplorables.
Nous insistons donc sur trois points :
– Conformément aux positions prises au sein de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, le Cadre de l’Union pour la réinstallation qui prévoit un système permanent et harmonisé pour la réinstallation dans l’Union de 250 000 personnes sur deux ans, doit être soutenu.
– Dans l’attente de la mise en place de cadre, la Commission doit accentuer la pression pour faire sortir ces migrants, dans les plus brefs délais, de cet enfer. Nous saluons la réinstallation par la France de 25 personnes exfiltrées de Libye, qui ont pu compter sur le travail exemplaire de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Les agences de l’ensemble des États membres doivent suivre l’exemple de l’OFPRA, sur impulsion de leur gouvernement de référence.
– Le Parlement européen doit pouvoir contrôler les partenariats migratoires afin qu’ils soient conformes aux principes de l’Union dont le premier est le respect des droits fondamentaux. Nous l’avons demandé lors de la session plénière de novembre en adoptant le rapport « Stratégie UE-Afrique : un coup d’accélérateur au développement ».
De manière générale, les socialistes français préconisent depuis des années l’instauration de voies légales et sûres pour les migrants, qui est non seulement la meilleure façon de lutter contre la traite et le trafic des êtres humains mais aussi de garantir les droits fondamentaux de chacun.