Alors que l’Union économique et monétaire a dix ans, la menace d’insolvabilité qui plane aujourd’hui sur la Grèce plonge l’ensemble de la zone euro dans l’incertitude. Cette incertitude éclaire d’un jour nouveau un défaut originel de l’UEM: celui du déséquilibre entre son pilier économique et son pilier monétaire.
Il est grand temps que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro prennent pleinement conscience de la responsabilité partagée qui leur incombe en tant que détenteurs d’une monnaie commune.
Plus que jamais, la situation actuelle plaide pour la mise en place d’un fonds monétaire européen, où la mutualisation des dettes souveraines serait, en contrepartie, assortie de mécanismes de surveillance multilatérale renforcés et complétés par des critères sociaux. Ce FME ne pourra être que gagnant – gagnant pour l’ensemble des Etats membres : il dotera l’Union européenne d’un marché de la dette à la hauteur de son poids économique, drainant ainsi les investissements, et permettra à tous de bénéficier de meilleures conditions d’emprunt sur les marchés financiers.
Assorti d’une surveillance multilatérale, cet instrument de coordination économique devra permettre de veiller à ce que les choix budgétaires des Etats membres reflètent réellement les priorités stratégiques dont ils se sont collectivement dotés en termes d’emploi, de solidarité et de lutte contre le changement climatique et le défi démographique.
Alors que l’efficacité du modèle social européen à amortir les effets de la crise grâce aux stabilisateurs automatiques a fait l’unanimité, la sortie des mesures de relance et le retour vers des finances publiques soutenables ne peut pas se traduire par des mécanismes de solidarité sacrifiés.
« Il appartient à l’Eurogroupe et à ceux qui aspirent à le présider de proposer une délibération sur ces questions sur la base de propositions opérationnelles qui devront être préparées par la Commission Barroso II » dit Pervenche Berès, Présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen et rapportrice de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale. « Le gouvernement grec en place depuis cinq semaines seulement doit être soutenu dans la difficile voie de l’ajustement qui s’impose à lui, il faut mettre fin à la cacophonie actuelle qui ne fait qu’aggraver une situation qui nécessite une réponse commune.«