Catherine Trautmann, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, je voudrais m’adresser au Président de la République – ici, je ne m’adresse pas à François –, car c’est un plaisir et un honneur de le faire au nom de mon groupe.
Dans cette période troublée où d’aucuns s’interrogent sur le devenir de l’Union – c’est l’objet de notre débat de ce matin – ou même sur sa raison d’être, je voudrais rappeler ce à quoi nous aspirons et ce à quoi aspirent les Européens: à plus de solidarité.
Solidarité des Européens sur la scène internationale. Vous avez pu entendre, Monsieur le Président, le large assentiment de notre Assemblée s’agissant de l’intervention au Mali. Mais parce que les Européens ne peuvent pas sous-traiter les affaires militaires à certains États membres seulement, il faut mettre sur le métier une authentique politique de sécurité et de défense commune.
Solidarité interne aussi et surtout. C’est le sens de votre démarche de réorientation de l’Europe. Le budget communautaire et, par conséquent, les négociations sur le cadre financier pluriannuel sont un test politique de solidarité où se vérifie notre crédibilité, c’est-à-dire l’adéquation entre les politiques adoptées et les moyens de les réaliser. Ce sujet a été clairement posé par mes prédécesseurs dans ce débat.
Je voudrais dire, au nom de notre groupe, que pour nous, c’est non aussi, mais nous ne pratiquerons pas la politique de la chaise vide. Vous l’avez dit, nous devons prendre la responsabilité, nous devons avoir la lucidité de discuter des conditions dans lesquelles nous pouvons avoir le budget qui correspond aux politiques que nous avons adoptées.
Quand nous débattons des perspectives financières, nous devons tracer des perspectives d’avenir pour la jeunesse, pour l’emploi et pour la croissance. C’est la raison d’être du budget communautaire, un budget d’investissement et le fondement de la mise en commun de nos ressources, mais qui ne peut plus se résumer aux seules contributions nationales.
Nous avons besoin de ressources propres, comme la taxe sur les transactions financières, à laquelle la France a beaucoup contribué, et qui peut constituer une première pierre de ces ressources. Il s’agit pour tous, dorénavant, de se doter d’outils modernes pour penser notre croissance, et nous serions incapables d’organiser la solidarité entre les peuples d’Europe? Il faut ici parler du Fonds européen d’aide aux plus démunis dont l’avenir soulève de nombreuses incompréhensions dans nos populations, au risque précisément d’y perdre notre crédibilité.
La proposition de la Commission doit être entendue. La forme juridique de notre action pour les plus démunis ne dépendra que de notre volonté à mettre en œuvre cette solidarité sans obérer les autres politiques du Fonds social européen.
Parallèlement, nous devons concevoir un plan européen d’investissement pour créer de nouveaux emplois et réaffecter une partie des Fonds structurels à des projets pour les jeunes. Au-delà du pacte pour la croissance et l’emploi, c’est le sens de la garantie pour la jeunesse européenne.
Enfin, et je conclurai, nous devons travailler ensemble à la légitimité de tous les parlements nationaux et du Parlement européen. Nous devons devenir des codécideurs de l’examen annuel de la croissance dans le respect de la souveraineté des parlements nationaux et des progrès que notre Parlement peut apporter à la démocratie.