Pervenche Berès (S&D). – Monsieur Rehn, Monsieur le Commissaire, si vous participez avec nous à ce débat sur le droit des travailleurs dans une Europe ouverte, c’est que, j’imagine, vous avez quelque chose à y dire, au-delà de l’écoute qui est la vôtre au cours de ces interventions.

 

Je dois vous dire, Monsieur le Commissaire, qu’il y a une grande différence entre vous et moi, à savoir que moi, je suis laïque, et j’ai parfois l’impression à vous écouter que vous faites partie d’une secte ou d’une église dont le dogme est celui de l’austérité. En tant que laïque, je m’appuie sur des preuves. Lorsque je regarde le résultat de l’Espagne aujourd’hui, un pays qui a été le bon élève du Pacte de stabilité, un pays où, y compris du temps du président Zapatero, toutes les recettes demandées par la Commission ont été mises en œuvre: ce pays compte aujourd’hui six millions de chômeurs.

 

Alors je vous demande, Monsieur le Commissaire, les droits des travailleurs dont nous parlons ne sont-ils que des droits pour les temps calmes et faut-il, qu’en temps de crise, la troïka aille en Grèce imposer un plan d’austérité qui ignore totalement la force de notre modèle social et l’importance du dialogue social pour pouvoir réussir cette sortie de crise.

 

 

Pervenche Berès (S&D). – Ce que je constate, c’est que, à l’époque, M. Sarkozy et Mme Merkel voulaient diviser les socialistes en utilisant l’exemple de M. Zapatero contre d’autres exemples socialistes. Manifestement, la question n’est pas là. La question est de savoir si oui ou non on peut rétablir les finances publiques d’un pays sans croissance. La question n’est pas de savoir si c’est au niveau des régions ou de l’État central, la question c’est celle de la croissance créatrice d’emplois.

 

Monsieur le Commissaire, comment pensez-vous réussir cette recette en Grèce alors même que, au fond, du point de vue des travailleurs – et du point de vue des Grecs eux-mêmes –, ce que vous proposez c’est que les plans d’investissement soient réalisés par de grandes entreprises allemandes et que les Grecs bénéficient de la mobilité, ce qui revient à organiser la fuite des cerveaux.

 

Pensez-vous que c’est la bonne voie et ne constatez-vous pas qu’au fond il y a peut-être un moment où il faut accepter qu’il y ait eu une erreur?