Pervenche Berès, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, le Parlement européen a voulu organiser ce débat à partir du paquet emploi que vous avez mis sur la table de la Commission et qu’il nous semble aujourd’hui important d’évoquer ici, en plénière, à un moment où le Conseil européen va évoquer potentiellement une initiative de croissance, à côté des autres dossiers lourds qui seront sur sa table de travail. Dans cette initiative de croissance, nous pensons que votre voix, celle qui dit que cette croissance doit être créatrice d’emplois, doit être forte, d’où l’importance de ce débat que nous organisons aujourd’hui.
Lorsque nous regardons les attentes des Européens, à l’heure où le taux de chômage atteint un record historique, ce n’est pas tant de stabiliser les marchés financiers mais bien de garder ou de retrouver un emploi qui les préoccupe en premier lieu. C’est à cette attente que nous devons répondre, en particulier lorsqu’il s’agit des plus jeunes. Cet espoir est confronté aux réalités d’une situation sociale qui se durcit de jour en jour. Comment, en effet, ne pas entrevoir le spectre d’une génération perdue quand on sait que 5,6 millions de jeunes sont au chômage, qu’un jeune européen sur cinq est à la recherche d’un emploi et que la situation risque de ne pas s’améliorer avant 2016, selon l’Organisation internationale du travail.
La Commission européenne répète qu’un certain temps sera nécessaire avant que les orientations produisent des effets en termes de création d’emplois. Mais pour cela, il faut que les orientations soient les bonnes. Il est frappant de voir que dans les programmes nationaux de réforme que les États membres ont envoyés à la Commission, finalement leur engagement de présenter leurs plans nationaux pour l’emploi n’a pas été tellement suivi d’effets. Beaucoup n’ont pas respecté cette proposition.
Dans ce paquet emploi que vous avez mis sur la table, je veux retenir deux propositions qui nous semblent tout à fait au cœur de la discussion que nous devons engager. D’abord, le tabou que vous avez levé s’agissant du salaire minimum. Vous avez dit que le salaire minimum est un élément important du débat pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, pour lutter contre le dumping social et pour poser la question de la demande agrégée, de la stimulation de la demande intérieure. C’est un sujet majeur si nous voulons résoudre les problèmes de déséquilibre interne au sein de l’Union européenne.
Et puis, il y a une deuxième proposition que vous semblez soutenir, pour laquelle vous savez que le Parlement sera derrière vous, c’est cette idée d’une garantie pour les jeunes, qui fait qu’un jeune ne pourrait pas se retrouver sans emploi, sans apprentissage ou sans travail après quatre mois sur le marché du travail. C’est une proposition majeure sur laquelle, si nous voulons, au-delà des mots, engager des propositions concrètes, il nous faut avancer dans les mois qui viennent, autour des perspectives financière, autour des conclusions de ce prochain Conseil européen, et nous serons à vos côtés pour le faire.
Merci, Monsieur le Commissaire, de la dynamique que nous pourrons ensemble insuffler pour corriger une stratégie qui, trop longtemps, a été celle de la seule austérité et qui nous mène dans le mur.