Monsieur le Président, par essence, le vote du budget est un acte profondément politique et, dans le budget qui nous est proposé, nous devons en tirer un enseignement politique, qui est majeur, qui est fondamental.
Le budget de l’Union européenne, et particulièrement celui-ci, traduit l’absence de projet politique européen alors même que, dans un contexte de crise et au début de nos nouvelles mandatures, les citoyens européens en ont plus que jamais besoin. Ce budget pose l’absence de vision globale pour l’Europe.
Le Conseil et la Commission ont choisi de laisser les États membres développer leurs propres plans de relance, souvent concurrents, et ont renoncé à œuvrer à la coordination d’une relance économique, sociale et environnementale au niveau européen. Aucun effet de levier recherché, aucune solidarité européenne stimulée.
Le Conseil et la Commission se donnent bonne conscience en saupoudrant un plan de relance à dose homéopathique. Le budget 2010 assure, en effet, le financement de la seconde partie du plan de relance, qui se portera à 5 milliards d’euros, un montant dérisoire. Certes, il affectera 300 millions d’euros au Fonds laitier, insuffisants quand on sait qu’en France, par exemple, le revenu net des agriculteurs a baissé de 34 % en 2009.
Le budget 2010 prévoit 25 millions d’euros pour la microfinance et permet, contre l’avis du Conseil, le maintien du projet de budget, s’agissant des interventions des fonds de cohésion.
C’est donc un peu au pied du mur et par défaut que nous voterons ce budget, parce que l’Europe, les citoyens ne peuvent pas se passer de ses interventions, aussi insuffisantes soient-elles. Collectivement, nous devons cependant nous interroger – et cela devient urgent – sur les moyens de financer les politiques ambitieuses dont l’Europe doit se doter et de sortir le budget de l’Union européenne de son cadre actuel, contraint et inadapté.
Au-delà des grandes déclarations politiques, le président de la Commission, M. Barroso, doit nous dire comment il entend financer les politiques européennes d’avenir sur lesquelles il disserte abondamment, notamment celles afférentes à la nouvelle stratégie de croissance et au changement climatique. Elles ne sauront dorénavant se contenter d’un budget aussi timide que celui qui nous est présenté.