Estelle Grelier (S&D). – Monsieur le Président, je voudrais remercier notre rapporteure et saluer la qualité du texte-support de ce mandat de trilogue, qui souligne l’urgence d’enfin mobiliser les budgets annuels au service de la stratégie Europe 2020 et en cohérence avec la démarche de semestre européen.
Les négociations s’annoncent toutefois difficiles, la Commission ayant pour fil rouge de satisfaire, en présentant un budget étriqué, les exigences de rigueur dictées par les États membres, en ignorant les besoins des citoyens. À ce titre, le sort réservé aux programmes d’aide alimentaire aux populations les plus démunies est symptomatique.
Comme nombre de mes collègues parlementaires, Monsieur le Commissaire, j’ai été informée par voie de presse que la Commission européenne entendait réduire de manière drastique l’enveloppe destinée au PEAD. Elle serait ainsi divisée par quatre, passant de 500 millions cette année à seulement 113 l’année prochaine.
L’Union consacre actuellement 1 euro par habitant et par an pour défendre le principe fondamental du droit à l’alimentation de ses citoyens dans une logique de solidarité européenne. La remise en cause de cet euro symbolique sur l’autel des égoïsmes nationaux et de l’austérité budgétaire illustre la faillite morale et politique de l’Europe.
On a coutume de dire que le niveau de développement d’une société humaine se mesure à l’attention qu’elle porte aux plus fragiles et aux plus démunis des membres qui la composent. Prendre prétexte de difficultés techniques et juridiques pour démanteler ce dispositif d’aide alimentaire est désastreux pour les populations concernées, mais aussi pour la crédibilité et l’image de l’Europe. La Commission se moque des députés européens et des citoyens qu’ils représentent en leur proposant en avril des montants qu’elle divise par quatre deux mois plus tard.
Monsieur le Commissaire, j’espère que vous reviendrez sur cette décision particulière et que vous ne resterez pas sourd aux objectifs politiques et aux intentions budgétaires qui s’y rapportent et qui sont exprimées dans ce mandat de trilogue.