Isabelle Thomas (S&D). Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, lorsque la crise a éclaté en 2009, le trou noir du volet politique de l’Union monétaire a été dévoilé avec la cruauté de l’urgence.

 

Nous avons alors introduit tous ces concepts que la novlangue européenne adore: la troïka, le semestre européen … Mais derrière ces mots, se cache une politique: l’austérité pour le plus grand nombre et la largesse dans l’octroi des fonds publics pour les banques. Six ans après la crise, l’heure est au bilan et, si l’on regarde la vérité en face, c’est un échec.

 

Les choix macroéconomiques de l’Union ont été les instruments d’une politique d’austérité dévastatrice, plus encore, M. Lamassoure – il est parti –, là où ces règles ont été appliquées. La zone euro est toujours en crise: l’Europe compte sept millions de chômeurs supplémentaires, un tiers de plus qu’au début de la crise, les dettes des États n’ont pas été réduites, le déficit d’investissement est évalué à 300 milliards d’euros par an et la déflation guette l’Union. Mais, surtout, le fossé se creuse entre les États membres, ce qui constitue un paradoxe des règles de convergence, qui conduisent en fait à la divergence.

 

Nous sommes, aujourd’hui, dans une situation ubuesque, caractérisée par des taux d’intérêt extrêmement bas, une masse de liquidité importante et disponible, et un déficit d’investissement privé qui anéantit la croissance potentielle. Et vous voulez conserver ce cadre de gouvernance qui empêche les États membres de relancer leur économie! Et vous vous entêtez, Madame van Nieuwenhuizen, à maintenir les pays en crise la tête sous l’eau.

 

Pourtant, Jean-Claude Juncker semble avoir compris cette urgence en proposant, au cœur de son plan d’investissement, une flexibilité dans l’appréciation du déficit public, notamment pour la contribution des États membres. Mais il est désormais indispensable de réformer en profondeur les outils européens de gouvernance, de privilégier l’investissement, d’intégrer des critères sociaux, notamment celui de l’emploi, et d’avancer vers la convergence fiscale.

 

Il faut bien sûr des règles macroéconomiques et les règles sont évidemment faites pour être respectées, à condition qu’elles soient performantes. Or, en l’espèce, les règles de convergence, de stabilité et de croissance n’ont conduit jusqu’ici qu’à la divergence, à la récession et conduiront, demain, au chaos.