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La France a une position claire. Elle demande le gel de sa contribution au budget européen, ainsi que le maintien des aides qu’elle reçoit pour soutenir les revenus des agriculteurs, dans le cadre de la politique agricole commune.

 

Du point de vue des socialistes, la politique de cohésion est plutôt la grande perdante de la stratégie française, si tant est qu’il y ait une stratégie. C’est pourtant la politique qui peut répondre le mieux aux conséquences de la crise.

 

L’impact de la politique de cohésion est difficile à mesurer, par rapport à la PAC. Faut-il augmenter le nombre d’indicateurs pour mieux comprendre les effets concrets des fonds régionaux ?

 

Il existe un lien actif entre la politique agricole commune et ses bénéficiaires. Historiquement, les agriculteurs sont plutôt bien organisés. C’est moins le cas dans le domaine de la politique de cohésion. Le lien [avec les destinataires des fonds] est beaucoup plus flou.

 

Prenons l’exemple de l’économie sociale et solidaire. Elle bénéficie du fonds social européen, mais ses acteurs ne sont pas aussi structurés que le lobby agricole. Cela dit, les élus locaux, certes, assez peu nombreux au Parlement européen, voient bien ce que ces fonds apportent au plan local.

 

Ce n’est pas parce que l’on dispose de moins d’indicateurs pour mesurer ses effets que la politique de cohésion n’est pas structurante.

 

Comment inverser cette tendance ?

 

La situation à laquelle nous faisons face se posera pour toutes les politiques européennes si nous ne répondons pas au problème du budget. Nous sommes dans une impasse.

 

Soit l’UE fonctionne à budget constant, et oppose les politiques entre elles. Soit nous nous donnons les moyens de l’augmenter. C’est l’éternel débat sur l’accroissement des financements européens. Si le budget est maintenu, il ne faudra pas s’étonner que l’on soit obligé de sacrifier une politique pour sauver l’autre.

 

Les Etats membres ne veulent pas contribuer davantage au budget européen. Le débat est-il bloqué?

 

Nous luttons pour la taxation des flux financiers. On peut difficilement demander à ce que les contributions nationales augmentent étant donnée la situation financière des Etats. C’est pour cela que nous attendons beaucoup des propositions que va faire la Commission, en juillet, sur les ressources propres.

 

Rien que dans le domaine des transports, les moyens nécessaires s’élèvent à 600 milliards d’euros à l’horizon 2020.

 

Le budget est l’incarnation d’un projet politique. Soit il y a un projet européen, soit il n’y en a pas. Sans projet, l’Europe continuera à fonctionner comme aujourd’hui. Mais ce n’est pas l’objectif des socialistes. Si les Etats membres s’opposent à des ressources propres, on ne pourra pas financer les politiques communautaires.

 

Propos recueillis par Loup Besmond de Senneville