C’est écœurées et indignées que nous avons pris connaissance du torrent d’insultes de Jean-Luc Mélenchon attaquant nommément le ministre de l’Economie et des finances, qualifiant Pierre Moscovici non seulement de « salopard » mais de « petit intelligent qui a fait l’ENA » et qui « ne pense pas français, qui pense finance internationale ». Nous voulons assurer Pierre Moscovici de notre amitié et de notre soutien face à ces attaques féroces.
Jean-Luc Mélenchon est un homme qui sait pertinemment qu’en prononçant ces paroles, il faisait une référence implicite aux années 30. D’ailleurs, la justification de ces propos par Martine Billard, Vice-présidente du Parti de gauche, ne laisse place à aucun doute : « On ne veut pas laisser le FN être le seul à parler fort » car, pour elle, il s’agit « d’une course de vitesse avec le FN ». De fait, en allant sur ce terrain et en lançant une attaque personnelle violente, Jean-Luc Mélenchon reproduit les provocations du Front national et de Jean-Marie Le Pen. Les conséquences seront les mêmes : ils valident indirectement les discours fascistes dans l’esprit des Français, ils donnent un vernis d’acceptabilité à des propos intolérables et inadmissibles dans une démocratie.
Ce qui est posé aujourd’hui est la question de la perméabilité de partis dits traditionnels à des idées et des alliances particulièrement sulfureuses et dangereuses qu’on voit se nouer dans plusieurs Etats membres de l’Union européenne.
Mais la frustration et les ambitions de Jean-Luc Mélenchon – qui n’utilise pas son mandat de député européen pour avoir la moindre influence sur le cours de l’histoire – le font s’éloigner du socle des valeurs communes. Cette dérive est révélatrice d’un climat dans lequel théories du complot, haine et rejet prospèrent. Démocrates et européens, c’est ce qui doit nous inquiéter au plus haut point et nous faire réagir.
La France et l’Europe sont intrinsèquement liées car les deux sont notre espace économique et politique : leur redressement ne se fera pas l’une contre l’autre. Les citoyens qui souffrent et qui doutent sont en attente de respect, de solidarité et de justice. Si, parfois, les institutions et les hommes qui les dirigent s’en éloignent, ces valeurs doivent rester la boussole de notre comportement et de notre action politique dans cette tempête, faute de quoi les sirènes populistes conduiront notre continent au naufrage.