Le Parlement européen a adopté aujourd’hui le rapport de Franziska Keller sur la répartition européenne entre États membres de 40 000 réfugiés demandeurs d’asile actuellement en Grèce et en Italie.
Si ce vote peut sembler décalé au regard de l’actualité – cette « relocalisation » correspondant aux besoins d’avant l’été, largement dépassés depuis – il est essentiel de rappeler l’historique. Lorsque la Commission européenne avait proposé une répartition contraignante des réfugiés au mois de mai dernier, seul le Parlement européen l’avait soutenue dans cette approche. A l’époque, nous avons en effet assisté à une véritable levée de boucliers de la part des Etats membres, qui refusaient le caractère contraignant du dispositif et les chiffres proposés pourtant limités (pour rappel, la tribune des eurodéputé-e-s socialistes et radicaux : http://www.huffingtonpost.fr/pervenche-beres/le-programme-europeen-pou_b_7348882.html).
Il a fallu une photographie pour que les Etats membres – jusqu’au Royaume-Uni dirigé par M. Cameron – acceptent d’apporter une réponse solidaire au drame que vivent les réfugiés. La solidarité européenne, c’est celle qui ne laisse pas les Etats membres, géographiquement en première ligne, venir seuls en aide aux femmes, aux enfants et aux hommes fuyant l’enfer de Daesch.
Le vote du rapport Keller intervient alors que la Commission européenne va proposer, en urgence, une nouvelle répartition obligatoire de 120 000 migrants demandeurs d’asile, dont 24 000 en France et 30 000 en Allemagne. Pour ces deux dossiers, le Parlement européen a, compte tenu de l’urgence, accepté d’utiliser une procédure de consultation.
Cependant, notre objectif reste d’instaurer un dispositif permanent obligatoire de relocalisation des réfugiés demandeurs d’asile dans l’ensemble des États membres. Cette « relocalisation » permanente sera, elle, adoptée en codécision.
Nous soutenons avec force que ce nouveau dispositif – pour lequel nous avons toujours plaidé – devra être souple pour s’adapter à une situation très mouvante : cela concerne les flux – c’est-à-dire le nombre de réfugiés demandeurs d’asile à soutenir – mais également les routes migratoires : là où, avant l’été, Italie et Grèce étaient les points chauds, force est de constater que les routes ont évolué et que la Hongrie est aujourd’hui aussi en première ligne. À l’avenir, l’Europe doit pouvoir adapter sa réponse rapidement.
Enfin, nous plaidons pour que cette « relocalisation » soit intelligente : afin d’éviter les mouvements de réfugiés au sein de l’Union européenne, il est indispensable pour le succès du dispositif de mettre en adéquation, autant que possible, les préférences des Etats membres et celles des demandeurs. Dans cet esprit, leurs liens familiaux, sociaux et culturels dans le pays ainsi que leurs qualifications spécifiques devraient également être prises en compte. Cela permettrait non seulement d’éviter les mouvements secondaires des demandeurs entre les États membres, mais aussi de favoriser l’intégration des personnes relocalisées dans leur pays d’accueil.
L’histoire s’accélère en matière de politique migratoire européenne : la situation historique impose le courage politique à tous les chefs d’Etat et de gouvernement. Le Parlement européen a déjà choisi : l’accueil, c’est oui !