Les eurodéputés socialistes et démocrates plaident pour un renforcement du contrôle du Parlement européen face à l’émergence « d’un gouvernement économique » au sein de la zone euro.
Ce thème est au coeur d’un rapport que vient d’adopter la commission économique et monétaire du Parlement européen sous la houlette de la socialiste française Pervenche Berès.
« La crise a et va entraîner d’importants changements dans la gouvernance de la zone euro et dans l’Union européenne. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont autoproclamés « gouvernement de la zone euro ». Le commissaire responsable des Affaires économiques et monétaires va se transformer en gendarme de la rigueur budgétaire sans délibération démocratique du Parlement européen.
Le Parlement européen – seule institution européenne directement élue par les citoyens – doit s’adapter à cette nouvelle donne », déclare Pervenche Berès.
Concrètement, le rapport prône que le Parlement décide conjointement avec le Conseil des ministres, des grandes orientations de la politique économique de l’UE adoptées chaque année par les Vingt-Sept.
Avec le creusement des déficits et des dettes, les budgets des Etats membres de l’UE doivent être coordonnés et sont désormais soumis à un examen de passage au niveau européen selon une nouvelle procédure prénommée « semestre européen ».
La procédure qui s’écoule en réalité sur un an est censée permettre aux Etats de présenter des budgets crédibles qui tiennent la route en évitant les dérapages, tout cela sous le contrôle de la Commission européenne.
« Nous estimons que le Parlement européen doit avoir son mot à dire sur les choix de politique économique qui en découlent. C’est un enjeu de légitimité démocratique. Cette Assemblée ne peut plus se contenter d’être une simple chambre d’enregistrement comme c’est le cas aujourd’hui », précise la socialiste française.
Le rapport préconise en outre de renforcer le dialogue avec les parlements nationaux et les partenaires sociaux notamment avant les réunions des sommets européens de printemps traditionnellement consacrés aux orientations économiques européennes.
« Si nous voulons une politique économique cohérente au niveau européen qui tienne compte des objectifs de la stratégie pour la croissance et l’emploi UE 2020, nous devons parler plus régulièrement avec nos homologues des parlements nationaux qui votent les budgets des Etats », souligne Pervenche Berès.
« Plus généralement, aucune nouvelle révision des Traités européens comme l’envisagent les dirigeants européens ne pourra se faire sans la contribution et l’accord de ce Parlement », rappelle Mme Berès.