Le Skagerrak est une petite mer coincée entre la Scandinavie et le Danemark, où pêchent les Etats riverains ainsi que l’Allemagne.
Les mesures techniques dans le Skagerrak font office de mesures expérimentales, anticipant la mise en œuvre du Règlement de base de la Politique commune de la pêche (PCP). Il s’agit notamment de mettre en œuvre le débarquement des rejets dès janvier 2014 tel qu’acté par le Parlement européen.
Mais la Commission, suivie par le Parlement européen, ne s’est malheureusement pas arrêtée là. Car dans ce climat de suspicion à l’encontre des pêcheurs, la Commission a cherché à s’assurer qu’il n’y ait pas de rejets en mer. Il suffisait d’y penser, le rapport propose de filmer les pêcheurs au travail sans discontinuer pour traquer la faute. Rassurons-nous, aucune chaine de télévision n’a encore formulé la demande de diffuser les vidéos.
Filmer en continu des hommes pose déjà des problèmes sur le plan éthique, notamment sur le lieu de travail. A quand les caméras de surveillance sur les tracteurs ? Par ailleurs, alors que les pêcheurs du Skagerrak sortent à la journée, il n’est pas difficile d’imaginer que cette mesure appliquée à d’autres pêcheries qui sortent en mer pendant plusieurs semaines d’affilé serait d’autant plus insoutenable.
Le rapport adopté au Parlement européen pose un autre problème majeur : il ne demande pas de réciprocité à la Norvège, les pêcheurs norvégiens refusant la vidéo surveillance comme moyen de contrôle. Ainsi, les pêcheurs concentrés dans une très petite zone ne seront donc pas soumis aux mêmes contraintes, les tensions ne devraient donc pas se faire attendre.
La délégation socialiste française a donc décidé de ne pas soutenir ce texte ; l’Europe ne peut pas être une maison de redressement.