Isabelle Thomas (S&D). – Monsieur le Président, l’avenir de l’Union européenne passe par sa réforme et son approfondissement et, dans ce futur à construire, celui de la zone euro fait partie des questions à la fois les plus urgentes et les plus sensibles.
Je voudrais féliciter les rapporteurs pour leur détermination à aboutir à ce rapport, fruit de longs et difficiles débats. Il a le mérite de valider la nécessité de créer un budget spécifique de la zone euro et de sa gouvernance propre, même s’il ne s’agit, bien sûr, que d’une première marche. Nul doute que nous aurons d’autres débats houleux, notamment sur le code de convergence dans lequel les uns et les autres ne mettent pas le même contenu. De même, sa mise en œuvre pose l’épineuse question de son financement, et c’est l’occasion de tirer les leçons de l’expérience et de ne pas retomber dans le piège des égoïsmes nationaux et des logiques punitives.
Approfondir l’Union économique et monétaire, c’est ne plus regarder la situation d’un État par opposition aux autres, comme si rien ne les reliait, mais c’est regarder la zone euro de manière agrégée. Or, l’expérience nous montre que le financement par les États membres comporte en son sein la paralysie budgétaire. Qu’il s’agisse du budget de l’Union au-delà des plafonds ou du mécanisme européen de stabilité (MES), nous restons dans la logique du financement par les États. C’est pourquoi nous devons, sur ce budget comme sur celui de l’Union, nous atteler à l’impérieuse question des ressources propres et nous appuyer sur le rapport Monti pour aboutir.
Une zone euro approfondie, c’est aussi une gouvernance démocratique et transparente qui sort des conciliabules. Cela passe par une réappropriation de la souveraineté populaire non seulement en renforçant le pouvoir du Parlement européen, mais aussi en intégrant les parlements nationaux au cœur de la décision. Clémenceau disait: «la guerre est une chose trop grave pour être confiée aux militaires»; je le paraphrase en disant: «l’euro est une chose trop grave pour être confiée aux diplomates».