Une ligne rouge a été franchie par les Etats-Unis. Nous ne sommes pas des Bisounours : tout le monde pratique l’espionnage. Mais il y a des limites à ne pas franchir entre alliés.
Dresser ce constat nécessite de trouver une réponse adéquate. Nous accueillons favorablement la création d’un groupe de travail pour élaborer un code de conduite. Mais nous souhaitons rappeler le positionnement très clair du Parlement européen lors de la plénière qui vient de se terminer : une majorité souhaite l’arrêt du programme SWIFT, afin de lancer un premier avertissement. Autre mesure de rétorsion que l’Europe devrait utiliser : sa réglementation sur la protection des données personnelles. Le calendrier décidé hier soir nous laisse sur notre faim sur ce point.
La suspension des négociations d’un accord commercial entre l’Union européenne et les Etats-Unis est également une option que l’Europe devrait envisager : nous ne sommes pas sur un pied d’égalité dans ces discussions, les ajourner serait une bonne chose.
Plus largement, nous devons poser avec plus de force la question de la gouvernance de l’Internet, aujourd’hui essentiellement dominée par les Etats-Unis. Nous avons la conviction qu’Internet peut constituer un véritable progrès pour la démocratie ; mais c’est à la stricte condition qu’il ne soit placé sous la coupe d’aucun Etat.
Enfin, à nos amis américains, nous souhaitons adresser ce message : les Etats-Unis ont longtemps été synonyme de « liberté » dans le monde. Un comportement de KGB, quand bien même doté d’un vernis 2.0, reste un danger pour les valeurs qu’illustre si bien la Statue de la liberté. Internet, comme les droits de l’Homme, doit être placé sous le signe de l’universel.
Sur l’économie numérique et l’économie au sens large, les socialistes français se félicitent des progrès réalisés au Conseil, en particulier grâce à la détermination de la France. Le mécanisme de supervision déjà créé sera bientôt complété par un mécanisme de résolution : c’est un pilier très important du projet d’union bancaire européenne.
Enfin, nous regrettons que d’une médiatisation l’autre les changements nécessaires à la politique migratoire n’aient pas été abordés : le buzz permanent a déjà chassé des esprits le drame de Lampedusa. Jusqu’au prochain, malheureusement.