Le 21 janvier prochain vont se retrouver à Coblence plusieurs représentants de l’extrême droite européenne, dont Mme Le Pen, Mme Petry, leader de l’Alternative für Deutschland (AfD) et M. Wilders du Parti populaire libéral et démocrate néerlandais, en vue des élections nationales de 2017.
La date et le lieu montrent que le Front national est réactionnaire : Coblence, c’est la ville où la noblesse française, opposée à la Révolution française, a installé son quartier général, et espérait y mener la contre-révolution. Et le 21 janvier est la date anniversaire de la mort de Louis XVI. On savait que pour l’extrême droite, en France, en Europe ou ailleurs, « c’était mieux avant », mais là, la nostalgie remonte loin !
À l’occasion de ce meeting, l’extrême droite européenne, comme Trump aux États-Unis, a déjà prévu de bafouer, une fois de plus, la liberté de la presse en privant plusieurs médias d’accréditation. C’est désormais un classique, l’extrême droite, en Allemagne comme ailleurs, joue de la victimisation. Mais, outre-Rhin, l’AfD le fait avec les mots de l’Allemagne nazie, en parlant de « Lügenpresse », soit la presse mensongère. Nous dénonçons avec force cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse.
Pour le reste, nous connaissons déjà leur programme : stigmatisation des réfugiés et des musulmans, racisme, abrogation des Accords de Schengen voire sortie de l’Union européenne. Et un débat pas encore tranché où l’on mesure que l’extrême-droite européenne relancerait une guerre économique : là où FN et AfD voulaient la fin de l’Euro il y a peu, ce qui revenaient à ouvrir une guerre des monnaies, les premiers préconisent désormais un retour à l’écu, quand les seconds proposent la création de deux monnaies, un Euro du Nord et un Euro du Sud, et s’opposent à un écu à taux fixe. Dans cette alliance baroque, il faut noter que l’AfD voit la France appartenir à un Euro du Sud, avec la Grèce, l’Espagne et l’Italie. Ces deux propositions, chacune à leur façon, menacent à la fois les Français et les Européens.
Et parce que quelques membres de l’AfD ont critiqué le soi-disant « socialisme » de Mme Le Pen – elle vole parfois les mots de la gauche pour manipuler l’électorat – cette dernière leur a déjà donné un gage en promettant la privatisation d’EDF. Comme Trump aux États-Unis, la stratégie de Mme Le Pen est limpide : jouer à celle qui protège le peuple pour mieux le trahir et le livrer en pâture aux forces de l’argent, de la même façon que Trump dénonçait Goldman Sachs avant de lui livrer les clés de son pays une fois élu. Le Brexit et l’élection de Trump doivent sonner comme un avertissement : depuis l’antiquité, nous savons que les sirènes, avec leur chant envoûtant, sont une menace de mort et de désolation.