La Commission européenne a proposé, mardi, un nouveau partenariat migratoire avec les pays tiers, notamment de l’Afrique, mais aussi du Moyen-Orient comme la Jordanie et le Liban. Pour la première fois, l’Union européenne prend en compte la nécessité de mettre ces pays au cœur de sa stratégie. Il est indispensable en effet de lutter contre ce qui pousse les migrants à fuir leur pays : guerre, violence, pauvreté et exploitation.
Les eurodéputés socialistes et radicaux français saluent les efforts de la Commission européenne pour développer une approche globale des questions migratoires pour laquelle nous avons toujours plaidé – des pays d’origine aux pays d’accueil en passant par les pays de transit.
Nous nous félicitons également de la volonté de renforcer la coopération avec les pays tiers dans le domaine migratoire, avec des instruments financiers de court et de long termes dont les enveloppes ont vocation à être augmentées et les objectifs mieux précisés (développement économique et social à long terme, sécurité, État de droit, droits de l’homme).
Enfin, nous accueillons favorablement l’intention affirmée de créer des voies migratoires légales, notamment à travers la mise en place d’un programme de réinstallation au niveau mondial sous l’égide de l’ONU.
Néanmoins, les eurodéputés socialistes et radicaux resteront particulièrement vigilants à la mise en œuvre de ce plan : une coopération saine et efficace avec des pays tiers ne peut en aucun cas être l’occasion de manier le bâton et la carotte. Ainsi, les aides financières octroyées ne peuvent pas être conditionnées par un programme donnant-prenant « argent contre accueil des migrants et contrôle de vos frontières ». Par ailleurs, la communication de la Commission s’appuie sur l’expérience tirée du désormais fameux « deal » UE-Turquie. Le « modèle » choisi paraît plutôt sujet à caution compte tenu des réserves et des doutes persistants sur sa légalité.
Ce partenariat ne doit pas non plus reproduire les expériences du type « Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition » : ce programme d’aide aux populations des pays africains les plus pauvres avait comme objectif affiché de sortir 50 millions d’Africains de la pauvreté. Mais sur le terrain il aide surtout les multinationales à développer leurs marchés et assez peu les paysans africains.
Pour que ces dérives ne se reproduisent pas, le contrôle démocratique de l’utilisation des fonds alloués par le budget européen est pour nous non négociable. Le développement et la croissance des pays partenaires sont dans l’intérêt de tous ; c’est pourquoi, toutes les politiques mises en œuvre par l’Europe et les États membres doivent tenir compte de ces objectifs.
Déplorer les morts en Méditerranée est une chose ; s’attaquer concrètement aux problématiques de développement en est une autre.