La délégation socialiste française a pris connaissance des premiers éléments du plan d’investissements de la commission Juncker : 16 milliards d’argent frais qui devrait devenir 300 milliards d’investissements grâce à un coefficient multiplicateur qui nous interroge, comme de nombreux experts.
Ce plan existe grâce à notre action – c’est en soi une bonne nouvelle – et il est la reconnaissance du déficit d’investissements en Europe : moins 18% depuis le début de la crise. Le début de flexibilité – les participations volontaires des Etats membres à ce fonds ne seront pas incluses dans le calcul de leur déficit – va dans le bon sens, tout comme la création d’un comité indépendant pour évaluer les projets et le fait que, pour la première fois, une partie du budget de l’Union sera utilisée comme garantie.
Face aux défis que doit affronter l’Europe, ce plan est un signal de la réorientation. Pour autant, il est notoirement sous dimensionné en argent frais pour apporter le souffle dont l’Europe a tant besoin. La semaine dernière, le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron, avait fait savoir que ce plan devrait reposer « sur un apport d’argent frais de 60 à 80 milliards d’euros de la part de l’Union européenne ».
Depuis le début de la crise, nous exigeons des mesures concrètes et rapides. Les socialistes européens proposent à Monsieur Juncker une autre stratégie : 100 milliards d’argent public, qui ne serait pas pris en compte dans le calcul des déficits nationaux, afin d’entraîner 400 milliards d’investissements. Ce nouveau fonds présenterait un multiplicateur crédible, et une somme capable de relancer la machine, l’investissement et la création d’emplois en Europe.
Le temps des demi-mesures, du business as usual et des petits pas est révolu. La sagesse pour sauver les Européens du populisme et de la désintégration, c’est oser et innover ! Nous serons particulièrement vigilants sur la question de l’emploi : ce plan doit contribuer à résorber le chômage. La codécision nous permettra de vérifier cela pendant sa mise en œuvre.
Parce que nous savons que ce premier plan Juncker ne suffira pas, il devra être complété et abondé, et puisque sa prolongation est envisagée dès maintenant, nous allons continuer de convaincre de la pertinence de notre diagnostic et de nos propositions, notamment de la nécessité de ressources propres, d’une lutte sans merci contre l’évasion fiscale et d’une fiscalité qui permette de taxer les profits là où ils sont réalisés, en particulier dans l’économie digitale. Le contexte – chômage de masse, déflation, précarité à outrance – oblige l’Europe à réagir.