Pervenche Berès (S&D). – Monsieur le Président, trois présidents sur cinq pour parler de la recommandation « zone euro », c’est une bonne étape. Mais il faut retourner à l’essentiel, car la réalité du fonctionnement de la zone euro, c’est que nous avons mis en place des interdépendances négatives et que ce qui manque définitivement, c’est la réalité de cette solidarité. Aujourd’hui, même l’Allemagne, pour gérer l’afflux de réfugiés auquel elle doit faire face, considère qu’elle est un élément essentiel du fonctionnement de l’Union européenne.
La Commission ne cesse de dire que le Parlement européen doit être associé au processus, qu’on a besoin du Parlement pour que la zone euro fonctionne de manière démocratique – je note que Jean-Claude Juncker nous a quittés et que le paquet qu’il a mis sur la table le 26 novembre dernier ne laisse aucune place au Parlement européen, alors qu’il met en place un Conseil de compétitivité qui devra se prononcer sur les réformes structurelles dans les États membres, un Conseil fiscal qui pilotera l’analyse que la Commission fera du budget des États membres. Il me semble qu’il y avait une place pour le Parlement européen dans tout cela.
Ensuite, la recommandation de la zone euro, dont nous parlons aujourd’hui, est certes un élément, mais nous devons en faire un outil de débat de politique économique. Est-ce qu’un neutral fiscal stance est satisfaisant? Je note que cette recommandation mentionne l’existence de current account surplus. Alors qu’est-ce qu’on en fait, à un moment où y compris le FMI s’inquiète d’une perspective de déflation exportée par la zone euro à l’échelle de la planète? Tel est le débat politique économique que doit permettre cette recommandation de la zone euro.
Monsieur Dijsselbloem, je vous entends lorsque vous dites que nous avons besoin de progrès simultanés, mais lorsque vous exposez votre stratégie, je n’ai pas l’impression que ce soit exactement ce que vous envisagez, puisque vous nous dites qu’il faut d’abord mobiliser les capitaux privés en mettant en route cette fameuse union des marchés des capitaux et en achevant cette union bancaire. Il nous semble que cela ne peut pas marcher sans cette fameuse capacité budgétaire dont nous avons tant besoin parce que les taux d’intérêt sont à zéro, parce que l’incitation du secteur privé à investir, dans le contexte actuel, n’existe pas, et que vous n’aurez pas une union des capitaux solide si vous n’avez pas derrière un budget de la zone euro.
Voilà la réalité du débat. Or, toute l’histoire nous enseigne qu’à force de petits pas, on abîme le projet de la zone euro. Il a subi un coup de semonce avec l’affaire grecque. Il est aujourd’hui essentiel de mettre toutes les cartes sur la table pour assurer la viabilité et la durabilité de l’euro au service de nos concitoyens et donc d’abord de l’investissement et de l’emploi.