Après un été économique meurtrier, la santé des banques détentrices de dettes souveraines exposées s’est considérablement dégradée. Le retournement des perspectives de croissance, consécutif à la généralisation des politiques d’austérité en Europe, compromet désormais les rentrées fiscales nécessaires pour résorber les dettes publiques. Les valeurs bancaires des établissements détenant des dettes souveraines exposées ont chuté. Le FMI estime que les besoins de recapitalisation des banques européennes s’élèvent à 200 milliards d’euros. Pour les seules banques françaises, le chiffre s’élève à 15 milliards.

 

Le Président de la République française et la Chancelière allemande se sont réunis le 9 octobre pour évoquer la situation des banques françaises et allemandes. Cette rencontre était préalable au Conseil européen qui devait se tenir les 17 et 18 octobre. Il a d’ores et déjà été reporté au 22 et 23 octobre, faute de propositions concrètes et à cause des divergences de vue persistantes entre le Président de la République et la Chancelière allemande.

 

Parce qu’on ne réduira pas les déficits sans croissance, le Parti socialiste condamne, avec les syndicats qui ont manifesté le 12 octobre, les politiques d’austérité qui menacent l’Europe d’une nouvelle récession. Il appelle à étendre les missions du Fonds européen de Stabilité Financière. Celui-ci doit pouvoir mobiliser l’épargne européenne par l’émission d’euro-obligations. Les ressources levées doivent permettre de financer les dettes souveraines. Dans les circonstances exceptionnelles que subit la Grèce, le FESF doit être autorisé à recapitaliser les banques, notamment celles qui participeraient à la restructuration de la dette grecque, en échange de contreparties. Parmi ces contreparties, les activités de dépôt et d’affaires doivent être séparées, les ventes à découvert sur les opérations non commerciales doivent être interdites, de même que les CDS sur les dettes souveraines, et les Etats doivent disposer de sièges dans les Conseils d’administration.

L’entrée de la puissance publique dans le capital doit pouvoir être envisagée.

 

L’accord du 21 juillet dernier, vanté par le Président de la République, en appelle à une recapitalisation par simple recours au marché boursier, alors même que celui-ci attaque les valeurs bancaires. Cet accord avait malheureusement condamné les Eurobonds, écarté l’extension du rôle du FESF et imposé le renforcement de l’austérité en Europe. Le Conseil européen doit reconsidérer sérieusement ses positions. Faute de quoi, il condamnerait les Etats à lever, pays par pays, l’emprunt nécessaire pour recapitaliser les banques et éviter le retour de la récession.