Google innove, mais n’invente rien : le capitalisme porte en lui un penchant naturel vers la rente et le monopole. Ce dernier est positif dans le cadre d’un service public, lorsqu’il sert l’intérêt général. Quand il s’agit d’une entreprise dont le but est de rémunérer ses actionnaires, il finit par abuser de sa position dominante, et d’enterrer l’innovation.
Déjà Theodore Vail, président d’AT&T, avait résumé son objectif en 1908 : « Un système, une politique, le service universel. ». Déjà les rachats de concurrents étaient un moyen d’imposer un monopole aux visées hégémoniques.
Face à ces nouveaux monopoles, le Parlement européen a envoyé hier un signal très clair : « Parce que les moteurs de recherche ne doivent pas se servir de leur position dominante pour favoriser leurs intérêts sur d’autres marchés, nous avons demandé à la Commission européenne de présenter des propositions visant à séparer les moteurs de recherche des autres services commerciaux », explique Virginie Rozière, eurodéputée radicale de gauche.
Cette résolution est un acte politique fort : « AT&T a été le plus important et le plus durable des monopoles de l’industrie des communications de toute l’histoire. Google se croit aujourd’hui intouchable et invincible, notamment en étant présent dans tous les rouages de l’administration américaine, qui fait cause commune avec une entreprise fer de lance dans sa vision du monde. Mais, parce que les citoyens se révoltent toujours contre les ogres et les géants, il est clair que le démembrement sera, tôt ou tard, le sort de ce nouveau Big Brother, dont les pratiques anticoncurrentielles, de surveillance de masse et d’optimisation fiscale sont le vrai visage, à mille lieues de leur slogan, « Don’t be evil », conclut Pervenche Berès.