Les chefs d’État et de gouvernement européens ont évoqué les questions migratoires et d’asile lors du sommet européen des 23 et 24 juin. Comme par contagion, la méthode sarkozyste, qui veut que l’on se saisisse d’un évènement ponctuel pour en tirer des mesures générales –et généralement désastreuses- sans distance critique, s’étend dangereusement à toute l’Europe. Preuve en est dans les conclusions sur l’Espace Schengen et le Droit d’Asile.

 

Suite à l’arrivée d’environ 25000 migrants issus de Tunisie et de Libye depuis le début des révolutions arabes, la France notamment fait pression pour obtenir le rétablissement de mécanismes de contrôle aux frontières intérieures, sous entendu en cas d’afflux massif de clandestins.

 

« Sous la pression des partis populistes et d’extrême droite, les gouvernements jouent à un jeu particulièrement dangereux, remettant en cause 60 ans de construction européenne, basée sur la confiance mutuelle et sur la libre circulation des personnes, s’inquiète Sylvie Guillaume, eurodéputée membre de la commission des Libertés Civiles. Comme par hasard, l’afflux de migrants serait assez « massif » pour justifier ce violent repli sur soi, mais ne le serait pas assez pour appliquer la directive 55/2001, sur l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux… « massif », justement, de réfugiés.».

 

« Pointons également un autre non sens : alors que les États font une priorité du renforcement de la surveillance des frontières extérieures, ils refusent dans le cadre de la révision de FRONTEX la création d’un corps de gardes frontières européens. Cela montre bien que tout cela n’est qu’agitation électoraliste »

 

« Il est fondamental que la Commission ne cède pas à ce chantage, et refuse toute création d’un quelconque  mécanisme, même « exceptionnel », alors que des clauses de sauvegarde existent et fonctionnent. Il n’est nul besoin d’ajouter un barbelé supplémentaire. Il en va de la crédibilité de l’Union. »

 

« A propos de la réforme du droit d’asile, une fois de plus les dirigeants se sont accordés sur l’objectif d’un régime d’asile européen commun à l’horizon 2012. Mais au-delà de ces déclarations d’intentions, les négociations restent bloquées et les gouvernements rejettent toujours les nouvelles propositions faites par la Commission. Et ce n’est sûrement pas en demandant, comme l’a fait Laurent Wauquiez, des règles pour faire baisser le nombre des demandes d’asile, que l’objectif de 2012 sera atteint et que la tradition d’accueil des personnes persécutées pourra être respectée. »

 

La députée conclue: « La droite, paniquée par les échéances électorales nationales, sacrifie sans scrupule l’histoire et le droit européen, méprise de nombreux drames humains, tout cela pour singer l’extrême droite.»