Bousculés par les crises, incapables de faire face dans la solidarité, les ministres de l’Intérieur et la Commission européenne se préparent à plonger en coma artificiel l’espace Schengen en généralisant et prolongeant, pendant deux ans, des contrôles aux frontières intérieures de l’Union européenne. Cette mesure peut-elle dissuader les réfugiés de risquer leur vie pour fuir la guerre ? Non ! Certainement pas.
Mais elle peut porter un coup fatal à la construction européenne.
La libre circulation des Européens est l’un des plus grands acquis de la construction européenne.
Si nous sommes confrontés à des crises profondes aujourd’hui, aucune solution nationale ne permettra d’y répondre. Au contraire, nous avons besoin d’une réponse européenne commune claire et coordonnée.
La fin de Schengen, ce serait aussi des difficultés supplémentaires pour nos économies, puisque dans un effet boule de neige, le rétablissement des frontières entraînerait des handicaps supplémentaires pour nos industries, notre commerce, notre croissance déjà si faible.
On peut craindre que la tentation d’abandonner la Grèce, dont certains se serviront facilement comme bouc-émissaire, devienne forte. Il faudrait au contraire plus de solidarité : ne pas laisser ce pays, déjà exsangue d’un point de vue économique, seul face à cette crise humanitaire.
L’Union européenne doit débloquer des moyens financiers et logistiques supplémentaires afin de soutenir les Grecs, dont le pays, par sa géographie et le nombre de ses iles se trouve en première ligne pour affronter des défis humain, économique et d’organisation qui concernent l’Europe toute entière.