Au dîner des chefs d’Etat et de Gouvernement d’hier était prévu un dessert appelé « Misérable ». Par ce pied de nez, les cuisiniers n’auraient-ils pas parfaitement résumé ce sommet ?
Ainsi, l’Union européenne se préparerait à sceller de petits arrangements peu glorieux.
Au nom de la realpolitik, les États membres semblent prêts à s’asseoir sur un certain nombre de principes et à finaliser avec la Turquie un marchandage indigne : « Un Syrien renvoyé contre un Syrien réinstallé », le tout assorti de 3 milliards d’euros supplémentaires dont la destination reste inconnue.
La Déclaration fait à peine référence à la politique interne en Turquie et préfère fermer les yeux sur le pouvoir autoritaire du président turc, Erdogan, sa mainmise sur les médias ou l’emprisonnement et les menaces sur les universitaires.
Dans le même temps, la Grèce devrait être financièrement très aidée mais elle serait, de fait, transformée en un gigantesque camp de migrants et de réfugiés, barricadée dans des frontières que ses partenaires voudraient croire étanches.
On attend vainement des éléments probants concernant la fermeture de la route des Balkans, la lutte contre les passeurs et les trafiquants d’êtres humains et plus encore sur la mise en oeuvre des engagements pris par les 27 autres États membres en matière de relocalisation.
Le bilan de ce sommet, c’est que sous couvert de décisions « communes », c’est l’idée même d’une Europe solidaire et responsable qui est mise en échec.