Alors que la recherche en Europe continue de nourrir de grandes ambitions, une étape importante vient d’être franchie au Parlement européen grâce à la large majorité obtenue sur le rapport relatif à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. Le texte adopté en première lecture par les députés européens reflète la position exprimée par les socialistes sur cette question et privilégie un équilibre raisonnable entre bien-être animal et progrès de la recherche.
Chaque année, près de 12 millions d’animaux sont utilisés à des fins scientifiques, dont environ 12 000 primates non humains (PNH) ; toutefois, ce nombre d’animaux (essentiellement des rongeurs) n’a pas augmenté depuis 20 ans, tandis que le nombre de publications scientifiques dans le domaine de la recherche biomédicale a doublé tous les deux ans. Les progrès de la recherche en Europe restent pourtant dépendants de l’expérimentation animale. Tant que les méthodes alternatives ne seront pas efficaces, l’Union européenne ne peut malheureusement pas imposer un arrêt des expériences sur certaines espèces, d’où la nécessité de prendre en compte les craintes de la communauté scientifique liées à la révision de cette directive (qui datait de 1986).
Roselyne Lefrançois, rapporteure fictive sur ce rapport pour la commission Agriculture, a vu sa position largement soutenue par les députés européens : « Il était important de replacer la question de la santé humaine au cœur de la réflexion, tout en gardant à l’esprit que la recherche européenne ne doit en aucun cas être fragilisée.» A chaque étape du travail, les socialistes ont souhaité rencontrer les nombreux acteurs, représentant les différentes sensibilités liées à cette problématique, afin de mesurer les enjeux de la révision de cette directive. En tentant d’opposer recherche et protection des animaux, la Commission européenne s’est, dans sa proposition initiale, éloignée de l’objectif fondamental de l’utilisation des animaux, qui est de favoriser le développement de la recherche.
Pour Catherine Trautmann, rapporteure fictive sur ce rapport pour la commission Industrie, « le message lancé par le Parlement Européen en plénière s’inscrit dans la droite ligne des positions adoptées par notre commission car il permet de retrouver l’équilibre manquant dans la proposition de la Commission Européenne, en réconciliant grâce à un encadrement strict, les conditions de recours aux animaux dans des expériences scientifiques avec leur protection. »
En revanche, la communauté scientifique doit également œuvrer à la recherche de méthodes alternatives qui permettront petit à petit de réduire le nombre d’animaux utilisés dans les procédures. « Je me félicite que le principe des 3R (réduction, perfectionnement, remplacement en français) constitue le pilier du texte. C’est pourquoi, j’ai également soutenu des dispositions qui répondent à des exigences formulées par les associations de protection des animaux et j’ai par exemple proposé que les États membres contribuent financièrement au développement de méthodes alternatives » a ainsi déclaré Roselyne Lefrançois.
Strasbourg, le 5 mai 2009