Estelle Grelier (S&D). – Madame la Présidente, chers collègues, comme nos échanges le montrent encore, nous nous accordons tous sur un constat: plus l’Europe s’élargit, plus les compétences qui lui sont confiées s’étendent, plus elle affiche ses ambitions et moins elle dispose des moyens de les assumer. Tous d’accord sur le diagnostic donc, nous ne le sommes manifestement pas sur les solutions à mettre en œuvre pour sortir de cette impasse financière. Le provisoire ayant duré, le budget de l’Union est devenu prisonnier des contributions nationales, lesquelles représentent près de 75 % de ses ressources.
Aujourd’hui, si l’on décidait d’élever le plafond de dépenses au seuil maximum autorisé par les traités, cela représenterait un prélèvement supplémentaire de plus de cinq milliards pour des pays comme la France ou l’Allemagne. Chacun comprend bien ici que ce n’est pas possible. Il ne s’agit pas en effet de rajouter de la rigueur à la rigueur car ce sont les citoyens et, en premier lieu, les plus démunis qui paient au prix fort les conséquences de ces politiques nationales d’austérité.
Considérant que le secteur financier est le premier responsable de la crise et de l’explosion de l’endettement public, le groupe S&D propose la création d’une ligne « ressources propres » alimentée par une taxation des transactions financières; cette proposition a été rejetée en commission des budgets par la droite, qui peut se rattraper demain et mettre ses actes en cohérence avec ses nombreuses déclarations médiatiques en faveur de cette mesure.
Un peu plus de deux ans après la chute de Lehman Brothers, le Parlement ne doit pas manquer une occasion historique de poser les bases d’un nouveau modèle de développement, assis sur des ressources plus pérennes et surtout plus justes en termes de redistribution des richesses et de solidarité.
Pour le premier budget voté dans le cadre du traité de Lisbonne, il s’agirait d’un signal politique fort de notre Parlement qui n’entend pas se contenter d’user de ses nouveaux pouvoirs de codécision pour gérer la pénurie, c’est‑à‑dire choisir qui de Pierre ou de Paul devra être déshabillé. Se donner les moyens dès demain d’augmenter le niveau du budget de l’Union, c’est se donner les moyens de conduire des politiques de relance, de recherche, des politiques industrielles et de l’emploi ambitieuses. Ne manquons pas ce rendez‑vous qu’espèrent les citoyens européens et auquel, de toute façon, s’attendent les opérateurs financiers.