A l’occasion d’une nouvelle rencontre de conciliation interinstitutionnelle pour l’élaboration du budget 2011, à laquelle participaient notamment des représentants des Etats, de la Commission et le Président du Parlement, la délégation des parlementaires européens, dont la socialiste Estelle Grelier, a hier soir constaté avec amertume le refus des Etats-membres d’entamer une discussion constructive et prospective sur le budget communautaire.
Le Parlement, qui entend assumer sa nouvelle légitimité en tant qu’autorité co-décisionnaire sur les questions budgétaires, a souhaité agir en responsabilité, en acceptant, au prix de nombreux efforts sur ses priorités d’action, de tendre la main aux Etats-membres arc-boutés sur leur refus d’aller au-delà d’un accroissement de 2,91% du budget par rapport à 2010. En contrepartie, le Parlement a demandé au Conseil un engagement fort pour l’ouverture de négociations interinstitutionnelles sur l’avenir du budget de l’Union. « Le budget européen est exsangue, et les perspectives financières pour les années à venir sont insuffisantes pour assurer le financement durable des politiques communautaires actuelles, indique Estelle Grelier. Pire, l’Union européenne est aujourd’hui dans l’incapacité de financer les priorités définies dans la Stratégie 2020 ainsi que les nouvelles compétences apportées par le Traité de Lisbonne, lequel a pourtant été souhaité par les Etats-membres. Engager une réflexion appuyée sur les perspectives financières, c’est vouloir se donner les moyens d’éviter de futures crises budgétaires. Or, le Conseil refuse cette proposition pourtant responsable du Parlement« .
Emmenés par le Royaume Uni, qui a démontré une franche hostilité à l’égard de cette proposition, les Etats-membres, bien que divisés, ont en effet opposé une fin de non-recevoir à la demande parlementaire, faisant preuve d’une vision passéiste et à court terme du budget européen. « Non seulement le Conseil veut ajouter une politique d’austérité européenne aux politiques d’austérité nationales, dont on sait pourtant combien elles affectent les citoyens européens, mais il met en péril la plus-value européenne, dont les Etats membres se félicitent pourtant sur certains projets, comme ITER ou le service européen d’action extérieure« , regrette Catherine Trautmann, Présidente de la délégation socialiste française.
« Nous condamnons ce refus d’échanger sur un sujet pourtant fondamental au devenir de l’Union et de ses politiques et souhaitons que la rencontre de conciliation prévue la semaine prochaine se déroule dans un esprit apaisé, constructif et tourné vers l’avenir« , complète Estelle Grelier. Les Etats-membres doivent prendre conscience des risques qu’ils prennent et du coût de la « non Europe ». Sabrer le budget européen et refuser d’en assumer une vision à long terme, c’est décrédibiliser l’action européenne, à une époque où elle doit au contraire être renforcée et soutenue« .