L’assemblée plénière a voté en faveur d’une stratégie de développement durable renouvelée et ambitieuse en adoptant majoritairement le rapport de la députée socialiste française Anne Ferreira dressant un bilan très mitigé de cette stratégie mise en œuvre par la Commission européenne. Il convient aujourd’hui au monde occidental, et à l’Union européenne en premier chef, de procéder à une salutaire remise en cause de leurs modes de production et de consommation et à prendre des mesures rapidement afin que les tendances les plus menaçantes ne deviennent irréversibles. Ce constat a été partagé sur tous les bancs de l’Assemblée, malgré des clivages politiques sur certains points …

 

Si Anne Ferreira estime que son rapport donne des orientations et des moyens d’agir clairs en matière de développement durable, elle critique toutefois le manque d’ambition et d’engagement de la Commission européenne, qui a sans cesse tardé à proposer son projet de révision de la stratégie. « Si tous les habitants de la Terre devaient adopter le mode de vie des occidentaux, en particulier des Européens, il nous faudrait plusieurs planètes pour subvenir à leurs besoins« , explique l’eurodéputée.

 

« La Commission porte une responsabilité : la protection de l’environnement ne semble pas compter parmi ses priorités. Même si elle vient de publier cinq des sept stratégies thématiques, celles-ci ne pallient pas la faiblesse de la proposition de révision de la stratégie de développement durable publiée à la fin de l’année 2005« , analyse Anne Ferreira, membre de la commission parlementaire de l’environnement. « Ceci montre bien que l’Europe reste bien incapable de répondre aux défis de demain… »

 

L’heure est à l’action, car il y a urgence:

 

Urgence d’une politique volontariste afin d’infléchir l’évolution du climat.

A l’aune de l’ampleur des récentes catastrophes naturelles une telle politique s’avère nécessaire.

Si l’Union s’est dotée d’une législation substantielle pour réduire toutes les pollutions qui dégradent notre environnement, force est de constater que les efforts engagés sont réduits presque à néant, l’exemple des transports est à ce sujet édifiant. Ceci illustre bien un des paradoxes de l’UE avec d’un côté la libre circulation des marchandises et de l’autre l’impact négatif de cette libre circulation sur les objectifs environnementaux de l’UE.

Ce secteur doit pourtant être pour l’Union européenne l’axe prioritaire de la lutte contre le changement climatique. Il convient de favoriser les modes de transports moins polluants et d’intégrer le coût des transports pour l’environnement dans le prix des produits ou de taxer le transport en fonction de son impact sur l’environnement.

 

Urgence d’une politique volontariste sur l’eau.

En cette matière aussi, la situation reste insatisfaisante dans un grand nombre d’Etats membres. « Faut-il rappeler les niveaux de pollution en substances chimiques encore trop élevés ? N’est-il pas de notre devoir de pointer la responsabilité d’une certaine forme d’agriculture ; grosse consommatrice d’eau et d’engrais divers ?« , se demande Anne Ferreira. « La prochaine réforme de la PAC devra prendre en compte cette réalité et poursuivre sur la réforme des subventions et l’éco-conditionnalité des aides. »

 

Urgence d’une politique volontariste pour le maintien de la biodiversité. Notre système économique caractérisé par la surproduction/surconsommation, menace celle-ci. Des espèces de faunes et de flores sont menacées d’extinction, privant notamment la recherche de pistes d’études.

 

On pourrait poursuivre l’énumération : urgence de mesures pour réduire l’impact négatif de l’environnement sur la santé; urgence en matière d’aide au développement, car le creusement des inégalités planétaires génèrent toujours plus de risques de conflits et les plus pauvres sont les premières victimes des catastrophes naturelles.

 

Plus globalement, ce sont aussi les fondements politiques de l’Union européenne qui doivent être réaffirmés. Cela passe d’abord par plus de solidarité et plus de coordination. L’encouragement au dumping généralisé est inconciliable avec les exigences du développement durable. Cela passe également par la déclinaison, à tous les échelons, de la mise en œuvre du développement durable: international, national et local. Chaque proposition législative gagnerait à être appréciée sous l’angle du développement durable. Nous avons encore des progrès à faire dans ce domaine.

 

La Commission semblant faillir à sa responsabilité, il convient que la présidence autrichienne se saisisse de la révision de la stratégie pour prendre un nouveau départ, et élaborer une proposition à la hauteur des enjeux et défis qui se posent tant à l’UE qu’au monde. L’Union européenne doit asseoir son leadership en matière de protection de l’environnement : contrairement à ce que les plus libéraux semblent penser, cette dimension peut être un atout pour la « compétitivité » de l’économie européenne.

 

« Le vote intervenu ce 18 janvier sur mon rapport est globalement positif, le texte final propose des pistes ambitieuses pour la stratégie révisée et invite la Commission et les Etats membres à renforcer la cohérence entre les différentes mesures de la politique de développement durable et avec les autres politiques européennes« , a déclaré Anne Ferreira à l’issue du vote. « Si certains points ont pu être maintenus contre l’avis de la majorité de droite du Parlement européen, je regrette notamment le vote ayant conduit au rejet des paragraphes relatifs à la lutte contre la pauvreté, les exclusions et les inégalités, et au renforcement du modèle social européen. La droite a clairement montré ses positions politiques« , a poursuivi la rapporteure.

 

« Le développement durable n’est pas un slogan : il répond aux aspirations citoyennes et permet de faire la synthèse entre l’exigence de démocratie, la nécessité du respect de l’environnement et  la promotion de la justice sociale« , conclut Anne Ferreira.

Strasbourg, le 18 janvier 2006