Suite au soulèvement populaire contre le régime de Ben Ali et à la brutalité inacceptable de la réaction du pouvoir alors en place, le processus démocratique engagé doit maintenant trouver tout son espace. L’Union européenne doit accompagner la Tunisie sur son nouveau chemin vers une démocratie stable, pluraliste et laïque et aider les Tunisiens à ne pas perdre leur liberté tout juste gagnée, dans le respect total de leur souveraineté. Le silence injustifiable dont fait preuve le Parlement européen à ce jour amène les socialistes français à lancer un appel à la responsabilité de l’Union européenne dans le soutien à la démocratie en Tunisie.
Nous souhaitons que l’Union européenne utilise sans délais tous les moyens dont elle dispose pour exprimer sa solidarité avec le processus en marche et promouvoir l’Etat de droit et les libertés politiques.
Du point de vue de la préparation des élections, nous voulons que l’Union aide à garantir la sincérité des scrutins (présidentiel et législatif) et à la participation de toutes les composantes politiques à la consultation. Les outils existent, il faut les utiliser : à commencer par la mise sur pied d’une mission d’observation électorale en bonne et due forme. Il est aujourd’hui indispensable de soutenir la réforme des lois électorales, la reconnaissance légale de tous les partis, associations et ONG, ainsi que l’amnistie effective des prisonniers politiques.
Du point de vue du soutien financier, l’UE a déjà prévu 240 millions d’euros à destination de la Tunisie pour la période 2011-2013. Il faut dès maintenant envisager comment ces fonds peuvent être redirigés pour financer la politique d’accompagnement que nous proposons et complétés par une enveloppe financière exceptionnelle consacrée à l’assistance juridique, le soutien à la société civile et à la liberté de la presse. L’Union doit répondre à l’urgence de la situation : les associations, ONG, mais aussi les partis politiques jusqu’ici réduits au silence auront besoin de se structurer à l’échelle nationale en un temps très court. Priorité devra aussi être accordée à la presse et à l’information, grâce à des subventions d’ampleur octroyées pour le lancement de nouveaux médias. Mais l’Union européenne doit surtout adopter une approche de long terme à l’égard du développement politique, économique et social de la Tunisie : nous devons soutenir financièrement la transition démocratique dans un esprit de coopération et de solidarité. Une fois les élections passées, nous voulons que la stabilité des autorités nouvellement élues soit renforcée par des moyens financiers et des accords politiques, économiques et commerciaux à la hauteur de l’ambition démocratique.
Du point de vue de la Justice, sans laquelle une reconstruction politique saine sera impossible, nous appelons enfin à une décision européenne de blocage des avoirs des dirigeants du régime de Ben Ali.
Les socialistes français au Parlement européen sont résolus à développer ces thèmes dans la future résolution de l’assemblée européenne sur la Tunisie. Alors que le peuple Tunisien mène courageusement sa révolution pour conquérir sa liberté, le Parlement européen doit être à ses côtés dans ces instants historiques.