Pour la délégation socialiste française, le Parlement européen n’a pas été à la hauteur face à la loi sur les médias en Hongrie.
« Face à un chef de gouvernement populiste, qui instrumentalise les critiques dont il fait l’objet pour se présenter en victime de l’Europe auprès de ses citoyens, nous devons mener un double combat, politique et juridique. Juridiquement, nous sommes armés : les travaux des membres de la commission en charge des libertés civiles au Parlement européen nous permettent de pointer ce qui dans la loi hongroise sur les médias n’est pas compatible avec le droit et les valeurs communautaires ; les travaux de la Commission européenne devraient encore davantage préciser ce travail » explique Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen.
« Mais politiquement, nous n’avons pas été à la hauteur. Le peuple hongrois a été le fer de lance de la liberté en Europe : nous devons agir avec intelligence pour l’aider à lutter contre les mesures liberticides de Viktor Orban. Sans liberté de la presse, sans contre-pouvoir, il n’y a pas de démocratie », souligne l’eurodéputée.
« Face aux réponses simplistes des populistes aux questions et problèmes complexes que vivent les citoyens hongrois et européens, nous ne devons pas rentrer dans leur jeu démagogique : si des citoyens désignent aujourd’hui des dirigeants populistes dans plusieurs Etats membres, c’est parce que la précarité dans laquelle ils vivent les prive déjà de liberté. Face à cela, l’urgence est de défendre, de porter, d’expliquer un programme politique et des propositions concrètes afin de dessiner les contours d’une alternative progressiste », ajoute l’eurodéputée.
« C’est pourquoi nous insistons tant sur le programme de travail de la présidence hongroise qui devrait contribuer à maîtriser la finance et à soutenir la monnaie européenne, à empêcher que les citoyens européens paient les errements de la finance casino ; elle devrait également s’atteler au soutien à l’emploi par une politique industrielle dynamique et garantir les conditions sociales des travailleurs au lieu de défendre une fragilisation des retraites et des allocations chômage. »
« Contrairement à l’accueil volontairement démonstratif que le PPE, conduit par Joseph Daul, a réservé à Viktor Orban au détriment de la clarté du message politique qu’il aurait du lui rappeler, ce dernier sera jugé sur sa capacité à relever un double défi : celui de la démocratie et du respect des valeurs de l’Union et celui de la réponse aux attentes des citoyens européens », conclut Catherine Trautmann, au nom de l’ensemble de la délégation socialiste française.