Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues,
je tiens à remercier Vital Moreira pour l’intervention qui a été la sienne.
Le 9 décembre prochain, les ministres euroméditerranéens du commerce vont se réunir pour débattre de la relance de notre coopération économique et commerciale. Tout d’abord, je souhaiterais que nous fassions ensemble un constat qui soit lucide. Si l’objectif de la zone de libre-échange était bien de profiter à tous les partenaires, du nord comme du sud, fixer son avènement à 2010 n’était ni réaliste, ni même souhaitable, au regard des différences de développement encore béantes entre rives nord et sud de la Méditerranée.
Par ailleurs, certains n’ont cessé de prôner le fait que, pour faire progresser le processus euroméditerranéen – composé, je le rappelle, des trois piliers: politique, économique, social et culturel –, il fallait, face aux difficultés politiques, simplement les écarter pour progresser sur le volet économique et commercial. Cette vision magique et pernicieuse selon laquelle le commerce à lui seul permet de progresser vers l’intégration harmonieuse, la paix et la stabilité, comme vous l’aurez compris, je n’y crois pas.
J’y crois d’autant moins que les faits parlent d’eux mêmes. L’Union pour la Méditerranée, par exemple, en écartant les conflits politiques, était censée, par des projets dits concrets et visibles, relancer la coopération euroméditerranéenne stagnante. Aujourd’hui, c’est l’Union pour la Méditerranée qui stagne, et les contentieux politiques passés sous silence se rappellent brutalement à elle.
Je fais partie de ceux qui restent farouchement attachés à l’esprit de Barcelone, de ceux qui pensent que le progrès ne se mesure pas seulement à l’aune statistique commerciale, au demeurant encore trop défavorable à nos partenaires du sud, à leurs populations. Le commerce pour le commerce, non, définitivement, je n’y crois pas.
Par contre, le commerce mis au service du développement avec, pour objectif, la réduction des écarts de richesse, la prospérité réellement partagée ou l’intégration régionale, oui, je le conçois. Mais encore faut-il que les négociations soient orientées en ce sens.
C’est pourquoi, lors de cette prochaine rencontre, je nous appelle à être collectivement ambitieux, à ne pas nous contenter de simples discussions techniques avec les suppressions des barrières au commerce comme c’est l’objectif. Il n’est plus acceptable que cette logique persiste.
L’intégration régionale, particulièrement dans son volet Sud-Sud, les réponses à apporter à la crise économique qui frappe durement avec son corollaire de pertes d’emplois, les considérations de développement humain, social et environnemental et la question des droits de l’homme doivent alimenter les discussions et revenir au cœur de nos préoccupations.
Monsieur le Président, je n’avais prévu de répondre à Mme Dodds mais je voudrais juste lui dire qu’il faudrait qu’elle lise le traité de Lisbonne parce que, s’il y a bien une commission qui sera renforcée par le traité de Lisbonne, c’est la commission du commerce international. Cela permettra de dire qu’à ce moment-là, le Parlement européen pèsera un peu plus dans les mois à venir ou dans les années à venir.
M. Moreira a posé des questions très précises à M. le commissaire. J’ai entendu M. Tajani répondre: Libye et Syrie. Il y a une question qui est quand même évacuée très rapidement, c’est toute la question des droits de l’homme, sur laquelle il n’y a pas eu de réponse précise. Je veux bien qu’il y ait des avancées sur les négociations avec la Libye et la Syrie, mais il faudrait, en même temps, avoir des réponses précises quant aux questionnements, aux interrogations, aux demandes de l’Union européenne en ce qui concerne la question des droits de l’homme.
Deuxième point: il me semble qu’il est impossible de parler de la zone euro-méditerranéenne sans évoquer la question israélo-palestinienne, quand on voit aujourd’hui l’importation de produits des territoires occupés. J’aimerais donc avoir également la position de la Commission sur cette question.