Liem Hoang Ngoc, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, chers collègues, la zone euro entre à nouveau en récession. La stratégie de sortie, préconisée jusqu’en juin dernier par le Conseil ou la Commission, nous a enfoncés dans la crise. L’euroscepticisme gagne du terrain.
Dans ce contexte, le rapport Van Rompuy, qui doit définir la prochaine étape de l’union économique et monétaire, revêt une importance particulière. Le Conseil a malheureusement refusé d’impliquer pleinement le Parlement européen dans la rédaction de cette feuille de route. Le rapport de notre collègue Marianne Thyssen est donc l’occasion, pour notre Parlement, de s’inviter dans ce débat pour lancer un message fort.
Je salue ici le travail remarquable de Mme la rapporteure, qui a fait preuve de cet état d’esprit constructif, qui permet de montrer à nos concitoyens que le débat parlementaire a un sens. Le sens de ce débat, c’est d’établir le constat des leviers qui font cruellement défaut au fonctionnement de l’union économique et monétaire.
Premièrement, il faut une union bancaire intégrée pour contrôler les banques, garantir les dépôts et résoudre les crises sans faire payer à nouveau les contribuables.
Deuxièmement, il faut une union budgétaire, au sein de laquelle le sérieux budgétaire des États membres s’accompagne d’un soutien au développement durable à l’échelle européenne. Cette union doit être dotée d’une capacité budgétaire alimentée par de nouvelles ressources propres, dont l’affectation doit être débattue dans le cadre de la méthode communautaire, seule garante de la solidarité entre les vingt-sept États membres.
Troisièmement, il faut un véritable sceau démocratique, sans quoi les transferts de souveraineté continueront à être vécus par nos concitoyens comme autant de pouvoirs confisqués par des bureaucrates. Il faut donc que le Parlement, acteur principal de la démocratie représentative, intervienne à chaque étape du semestre européen. Il faut que le Parlement soit associé au fonctionnement du mécanisme européen de stabilité. Il faut que le Parlement puisse contrôler la troïka, surtout lorsque le FMI lui-même avoue qu’elle s’est lourdement trompée.
Enfin, last but not least, il faut un pilier social – cinquième pilier – qui garantisse des normes salariales évitant que les réformes structurelles ne provoquent une spirale récessionniste. Un pilier social qui évite que la discipline budgétaire ne réduise la qualité des services publics et de la protection sociale. Un pilier social qui favorise l’intégration des jeunes sur le marché du travail et l’accès au logement pour tous. Un pilier social qui rassure nos concitoyens, pour qui l’Europe est synonyme de sauvetage des banques, d’un côté, mais d’aggravation de la situation du plus grand nombre, de l’autre.
Tel est le mandat fort que le Parlement européen doit donner à son président à la veille des réunions du Conseil de novembre et décembre. Ce message sera d’autant mieux entendu au Conseil s’il obtient demain – grâce à vous, mes chers collègues – la plus forte majorité possible.